PARIS
Réparties en fonction de leurs affinités artistiques, vingt-deux galeries à Londres partagent gracieusement leurs espaces avec une trentaine de consœurs internationales, du 12 janvier au 9 février 2019, pour la quatrième édition de Condo. Retour sur ce modèle alternatif aux foires d’art contemporain souvent coûteuses et de courte durée.
Déjà en 1980, Yvon Lambert troquait pendant un mois son enseigne parisienne contre celle de Paula Cooper à New York ; ce mois-ci, la Galerie Crèvecœur invite la Galerie Bogota (Colombie) dans ses murs à Belleville. Plus tard dans l’année, la Galerie Neu (Berlin) viendra s’installer dans la Galerie Freedman Fitzpatrick dans le Marais. Autant dire que le concept de Condo n’est pas nouveau, mais à cette échelle, si. À Londres en 2016, à l’initiative de Vanessa Carlos, directrice de la galerie londonienne Carlos/Ishikawa, huit enseignes recevaient en effet gracieusement vingt-quatre galeries internationales. Le modèle s’est exporté à New York l’année suivante et à Shanghai, Mexico, Athènes et São Paulo en 2018. Ce mois-ci, à Londres, ce sont vingt-deux galeries internationales, à l’instar de la Edouard Malingue Gallery de Shanghai, de la Queer Thoughts de New York ou du Château Shatto de Los Angles, qui sont réparties dans plusieurs enseignes, pour la plupart de taille modeste (Rodeo, The Approach…).
En dépit d’un site Internet confus et visuellement désagréable, ce « gallery share » grand format propose un concept original et des services associés – dont, depuis cet été, une application pour smartphone (Condo x Tatlin) qui facilite les ventes entre les participants de Condo. La manifestation arrive à un moment critique pour les enseignes de taille moyenne, comme le souligne Sadie Coles, directrice de la galerie Sadie Coles HQ, pour qui « participer à Condo est extrêmement important dans le contexte actuel où les galeries de petite et moyenne taille étouffent. Condo conforte l’idée que nous sommes une communauté et que nous sommes plus puissants lorsque nous collaborons. » L’événement attire globalement des galeries modestes qui y voient l’opportunité de montrer leurs artistes à l’étranger, comme les françaises Sultana et Crèvecœur qui ont participé à l’édition new-yorkaise, ou encore Art Concept qui a participé à Condo Unit à Athènes. Marchand, l’événement ne génère pas tant de ventes mais offre surtout un nouveau fichier client, celui de la galerie qui reçoit. À Shanghai, par exemple, Lorraine Malingue, directrice de la manifestation, note ainsi que « l’intérêt de Condo ne réside pas dans les ventes, mais dans le nombre d’artistes apportés par les galeries étrangères qui n’avaient jamais été montrés en Chine ». S’ajoute une pression économique moindre, aucune commission n’est prise sur les ventes par la galerie qui reçoit, et le coût de participation est peu élevé. Ce coût est de 800 dollars (706 euros) à New York et couvre les frais de communication et la soirée d’ouverture – à titre indicatif, 1 m2 à la Fiac coûte entre 280 euros pour les nouveaux acteurs et 650 euros.
Les avis sont cependant partagés, la manifestation est centrée sur les galeries, et non sur les expositions, et certaines collaborations manquent de cohésion. « Je ne pense pas, explique Robbie Fitzpatrick, de la Galerie Freedman Fitzpatrick (Paris, Los Angeles), que le gallery share comme Condo soit une organisation judicieuse, car la manifestation tourne autour de la promotion des galeries, et non des artistes. Ce n’est pas productif de transformer la galerie en stand de foire. »
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Condo : un « nouveau » modèle collaboratif entre galeries d’art contemporain
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°719 du 1 janvier 2019, avec le titre suivant : Condo : un « nouveau » modèle collaboratif entre galeries d’art contemporain