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ART CONTEMPORAIN

Clémentine de Chabaneix et son gentil bestiaire

Par Marie Potard · Le Journal des Arts

Le 13 décembre 2023 - 580 mots

Exposée à la Galerie du Passage, l’artiste, dont le public dit apprécier la quiétude des pièces, a presque tout vendu.

Paris. La nouvelle exposition consacrée à la sculptrice Clémentine de Chabaneix (née en 1972) par la Galerie du Passage – trois ans après son premier solo show en ces lieux – fait un carton : sur la quarantaine de pièces exposées, il n’en reste qu’une poignée à vendre. Les deux galeristes, Antonine Catzéflis et Pierre Passebon, qui travaillent ensemble sur certains projets depuis que la première a fermé les portes de son espace un mois avant le confinement en 2020, se réjouissent. « Tout le monde attendait Clémentine. Ça se bousculait même avant le vernissage !, lance Antonine Catzéflis. Nous sommes extrêmement touchés par son travail. »

Clémentine de Chabaneix, qui a pratiqué le dessin et la peinture, fait du théâtre et un peu de musique, expose ses premières pièces il y a une vingtaine d’années après avoir créé un collectif de jeunes femmes artistes. Encouragée par l’expérience, elle se lance dans le travail de la sculpture, en résine et en métal d’abord, avant de s’essayer à la terre. Ses thématiques mettent en scène un univers onirique peuplé de lapins, jeunes filles au masque de loup, fleurs aux yeux ouverts ou fermés, chevaux porte-bougies, crapauds tirant la langue, renards… Un personnage féminin, récurrent dans son travail, et un peu autobiographique, est souvent associé à une figure animale, comme dans Jeune fille à la licorne (céramique émaillée), ou à un motif végétal. « Tout est mêlé, parfois comme une fusion, entre la figure humaine et le vivant. C’est une source inépuisable de formes, de propositions et de constructions différentes », explique l’artiste.

 

 

Les Lalanne pour grands-parents

Clémentine de Chabaneix est issue d’une famille d’artistes – elle est la petite-fille de Claude et François-Xavier Lalanne. « Je pense que mon alphabet en tant qu’artiste a été beaucoup influencé par l’univers de mes grands-parents. Avec ma sœur jumelle, Capucine, nous avons passé beaucoup de temps avec eux. C’est totalement familier et intégré. L’idée n’est pas de refaire ni prolonger, mais on reste imprégné par l’univers dans lequel on a grandi. » Et d’ajouter : « Même si cet héritage est un peu lourd à porter, aujourd’hui j’assume cette filiation artistique, et je pense que je la transcende. » Les lectures d’enfance l’ont également inspirées, « comme l’album Little Nemo (de Winsor McCay en 1905)ou encore les contes d’Andersen qu’il y avait dans la bibliothèque de Claude, avec de belles illustrations ».

La sculptrice confronte ici différents matériaux. Les céramiques – des faïences mais aussi des grès pour les pièces les plus imposantes ou les émaux – se taillent la part du lion, mais il y a aussi quelques bronzes, notamment à patine mate, comme ce Lapin bleu. L’artiste explore depuis peu l’aluminium, moins lourd que le bronze et moins cher à fabriquer, que l’on retrouve dans Le Messager (proposé à 48 000 €) ou encore Crocodile vert.

Les œuvres, toutes uniques sauf les tirages en bronze et en aluminium, sont de dimensions diverses (pour des prix allant de 1 000 à 48 000 €), depuis le Couple de crapauds en bronze patiné tenant dans la main, ou Sirène aux coquillettes, en céramique émaillée, jusqu’à la sculpture monumentale Eden, en grès émaillé (45 000 €, vendue).

Pour la suite, l’artiste dit vouloir « rester dans quelque chose de très tranquille, de très doux. Les gens ont été sensibles à la douceur des formes et à cette quiétude inhérente aux pièces ».

 

 

Clementine de Chabaneix, Éloge de la tendresse radicale,
jusqu’au 27 janvier 2024, Galerie du Passage, 20-26, galerie Véro-Dodat, 75001 Paris.

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°623 du 15 décembre 2023, avec le titre suivant : Clémentine de Chabaneix et son gentil bestiaire

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