Arthur Rimbaud par Paul Verlaine

Bien que connu de tous, ce petit dessin à la plume et encre brune représentant le jeune poète de 17 ans, de profil, silhouette dégingandée, cheveux longs coiffés d’un chapeau, mains dans les poches et fumant la pipe, signé « P. V. », est resté à l’abri des regards pendant 130 ans dans de grandes collections privées. Peu d’images d’Arthur Rimbaud ont été authentifiées. On connaît notamment les deux photographies d’Étienne Carjat de 1871 et le tableau Un coin de table, par Henri Fantin-Latour, de 1872, conservé au Musée d’Orsay.

Après une longue bataille d’enchères, le dessin a été adjugé bien au-delà de son estimation de départ fixée entre 100 000 et 200 000 euros. Il bat ainsi le record mondial pour un dessin de Paul Verlaine et rejoint de nouveau une collection privée.

La feuille a probablement appartenu à Léon Vanier ou à sa veuve. « C’est en tout cas Madame Léon Vanier qui communique le cliché du dessin à la Revue d’Ardenne et d’Argonne pour sa reproduction dans le numéro de janvier-février en 1897. Nous pensons qu’elle a pu être en possession de l’original », a commenté l’expert de la vente Ambroise Audoin. Le dessin a ensuite appartenu à Paul-Annick Weiller (le fils du collectionneur Paul-Louis Weiller), puis à Hugues Gall, directeur de l’Opéra de Paris de 1995 à 2004, et directeur de la Fondation Monet à Giverny entre 2008 et 2024.

Paul Verlaine (1844-1896) a choisi ce croquis pour illustrer le frontispice des Poésies complètes d’Arthur Rimbaud (1854-1891), éditées chez Léon Vanier en 1895, quelques mois avant sa mort. Il en a également rédigé la préface. Le dessin comporte la date de « juin 1872 », mais Verlaine indique qu’il représente l’adolescent « de mémoire ». Peut-être est-ce au moment de la publication des poésies chez Vanier. Il existe une autre version du croquis – conservée au Musée Arthur-Rimbaud, à Charleville-Mézières – dans laquelle la mention « de mémoire » n’apparaît pas.