Mauvaise année pour l’art précolombien dont la dernière vente a peiné à attirer les acheteurs dans un marché déjà saturé d’objets.
PARIS - Trop d’art précolombien tue l’art précolombien ? C’est ce qu’on pourrait conclure après les résultats extrêmement décevants de la vente du 24 avril à Drouot (SVV Binoche et Giquello), malgré une salle pleine, plutôt spectatrice qu’actrice. Seulement un tiers des lots a trouvé preneurs, alors que les œuvres étaient d’une grande qualité et les estimations correctes (lire JdA 389, p. 27). La vacation était organisée un mois après la dispersion de la collection Barbier-Mueller qui aurait dû servir de locomotive, mais qui n’a pas fait d’étincelles à Paris chez Sotheby’s (voir Semi-échec pour la vente Barbier-Mueller sur www.lejournaldesarts.fr du 23 mars 2013). « Il y a certainement eu une saturation d’objets », admet volontiers l’expert Jacques Blazy. De surcroît, bien qu’illégitimes au regard du droit international, les revendications des pays d’origine qui arrêtent net les velléités d’achats des musées n’aident pas à dynamiser ce marché relativement étroit. Pour la vacation du 24 avril, le Pérou, le Guatemala et le Honduras avaient réclamé la restitution de pièces. Certains objets réclamés ont néanmoins trouvé preneurs. Après un démarrage difficile (dix objets ravalés sur les douze premiers lots), une tête de dignitaire Maya en stuc du Guatemala qui présentait de très beaux restes de peinture rouge brique et bleu turquoise, a ainsi été emportée pour 100 000 euros (125 000 euros avec les frais), soit son estimation basse. Les céramiques du Brésil qui devaient être la révélation de la collection Barbier-Mueller, n’ont pas plus décollé dans cette vente. Sur les quatorze présentées, une seule a été adjugée, pour 34 000 euros (42 500 euros avec les frais), dans sa fourchette d’estimation.
Des prix bas pour de belles affaires
Assis au premier rang, Santo Micali, marchand parisien spécialisé en art préhispanique (galerie Mermoz), a acheté quatre des plus beaux lots de la vente ; à commencer par la grande sculpture mexicaine Jalisco en terre cuite polychrome à hauteur de 320 000 euros (400 000 euros avec les frais), en dessous de l’estimation basse de 350 000 euros. Pour la même somme, il a aussi acquis une statuette de dignitaire Teotihuacan en serpentine verte, au-dessus de son estimation haute de 280 000 euros. Vendus il y a des années par la galerie Mermoz, les deux objets venaient de la succession suisse de Monique Nordmann, tout comme le grand plat Maya et le vase noir funéraire tétrapode Maya, également emportés par le marchand pour respectivement 90 000 et 190 000 euros (112 500 et 237 500 euros avec les frais), légèrement en dessous de leurs estimations. Pour 140 000 euros (175 000 euros avec les frais) contre une estimation basse de 150 000 euros, une collectionneuse s’est offert la Vénus Chupicuaro, petite cousine de celle de la collection Barbier-Mueller et de celle du musée du quai Branly, provenant toutes les trois de l’ancienne collection Guy Joussemet. Au final, les acheteurs ont fait de belles affaires.
Estimation : 4 à 4,5 millions d’euros
Résultats : 1,4 million d’euros (1,9 million d’euros avec frais)
Nombre de lots vendus/invendus : 30/59
Pourcentage de lots vendus : 33,7 %
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Art précolombien - Malchance ou overdose ?
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°391 du 10 mai 2013, avec le titre suivant : Art précolombien - Malchance ou overdose ?