PARIS
PARIS [15.06.16] - Une vente aux enchères d'archives et d'objets ayant appartenu au marquis de Sade n'a pas rencontré mercredi le succès espéré par les organisateurs, plusieurs lots ayant dû être retirés des enchères en raison de la faiblesse des offres.
Le fauteuil du divin marquis, estimé entre 40.000 et 50.000 euros, n'a ainsi pas trouvé preneur. C'est dans ce fauteuil, en partie d'époque Louis XIII, que Sade écrivit la plupart de ses textes (y compris quand il fut enfermé à Vincennes, la Bastille ou Charenton).
Les six pièces de théâtre de l'auteur de "Justine" n'ont également pas trouvé d'acquéreur alors même que ces manuscrits étaient considérés comme le clou de la vente.
"Le boudoir ou le mari crédule", courte pièce saisie par la police après sa rédaction en 1783 à la prison de Vincennes, "Le Capricieux", comédie en cinq actes et en vers, et "L'égarement de l'infortune", drame en trois actes écrit en 1781 alors qu'il était emprisonné à Vincennes, étaient estimées entre 30.000 et 40.000 euros.
Sans doute l'une des dernières pièces écrites par Sade en 1807, quand il était enfermé à Charenton, "Franchise et trahison", oeuvre en trois actes et en prose, était estimée entre 40.000 et 50.000 euros.
Écrite en 1791, la seule pièce de Sade acceptée par la Comédie française, "Le mysanthrope (sic) par amour", une comédie en cinq actes, était quant à elle estimée entre 15.000 et 18.000 euros.
Au total, la vente organisée chez Drouot à Paris par la maison Tessier-Sarrou a rapporté 296.190 euros, frais compris. "Nous sommes déçus du manque d'engouement, et notamment de la part des institutions, sur les pièces de théâtre et le fauteuil. En revanche, nous sommes ravis d'avoir pu participer au côté de la famille Sade à faire connaître cet autre visage du marquis de Sade au travers de cette vente", a déclaré Rodolphe Tessier, commissaire-priseur de la vente.
- Des documents sauvés des flammes -
Une centaine de lots provenant des archives de Sade étaient mis à l'encan par les descendants de l'écrivain du siècle des Lumières. Il s'agissait pour l'essentiel des rares documents sauvés des flammes à la mort de Sade le 2 décembre 1814.
Ce qui ne fut pas brûlé fut mis dans un coffre et scellé derrière des étagères de la bibliothèque du château familial de Condé-en-Brie (Aisne). Ce coffre ne fut découvert qu'après la Seconde Guerre mondiale par les descendants du marquis.
"Toute leur vie, nos parents se sont battus pour faire connaître Sade, contre les préjugés, contre les mensonges et pour la vérité (...) Ils ont donné mission à leurs cinq enfants de continuer ce combat pour la connaissance", a expliqué Thibault de Sade, à l'origine de cette vente.
Parmi les bonnes surprises de ces enchères, un tableau, attribué à Jean-Marc Nattier et représentant le père du marquis. Estimé entre 30.000 et 40.000 euros, il a été adjugé pour 39.000 euros. Comme son fauteuil, ce tableau accompagna Sade de cachot en cachot.
Le seul conte écrit par Sade, "Les coquilles d'oeufs" (estimé entre 8.000 et 10.000 euros) est parti pour 5.850 euros.
Un bronze du crâne de Sade (estimation: 4.000/5.000 euros) a été adjugé pour 7.150 euros tandis qu'une liste manuscrite des courses demandées par Sade depuis sa prison du donjon de Vincennes (estimation: 3.000/4.000 euros) a été cédée pour 7.150 euros.
Sur cette liste, Sade réclamait des livres, un cahier de 600 pages, "un coussin pour le croupion", "des grandes bougies de nuit".
Deux lots ont été préemptés par la Bibliothèque nationale de France (BnF) : un carnet relevant les différentes visites protocolaires et familiales réalisées par son couple dans les années 1769 et 1770 (4.940 euros) et un Mémoire des dépenses faites par le marquis de 1783 à 1788 à la Bastille en papier, plumes et livres (2.210 euros).
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Archives de Sade aux enchères : le divin marquis ne fait pas recette
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Abonnez-vous dès 1 €Charles Amédée Philippe Van Loo, Portrait du Marquis de Sade à 20 ans en 1760- © Photo Greek Wikepia - 2009 - Photo sous Licence Domaine public CC0 1.0