Pour la première fois de mémoire de marchand d’art, les ventes printanières d’art ancien – Christie’s le 18 mai, Sotheby’s le 19 – ont été décevantes : plus de la moitié des lots offerts n’ont pas trouvé preneur. Les maisons de ventes aux enchères ont dû faire face à la concurrence de l’International Fine Art Fair. Le total de la vente Christie’s a atteint 4,29 millions de dollars (25,7 millions de francs environ), avec 62 % des lots vendus mais seulement 46 % en valeur. Sotheby’s a fait un peu mieux, avec environ 4,4 millions de dollars (26 millions de francs environ), pour 49 % des lots et 59 % de la valeur escomptée.
New York - La vente de Christie’s a été la plus décevante : presque tous les lots vedette sont restés invendus, dont un portrait par Frans Hals, des natures mortes par Snyders, van der Ast, Melendez et Arellano, et deux sous-bois de Rachel Ruysch (qui ont peut-être souffert de l’annonce d’une vente exceptionnelle chez Sotheby’s, en juillet). Les prix de réserve ont apparemment péché par excès d’optimisme.
Parmi les rares succès, on relève une suite de Quatre saisons par Sebastian Vrancx, en excellent état, achetée par un collectionneur européen pour 630 000 dollars (3,75 millions de francs). Un autre amateur a payé 135 000 dollars (810 000 francs) pour le sac d’une ville par le même Vrancx, alors que l’estimation était au mieux à 70 000 dollars (420 000 francs). Vendue pour le comte d’Angiviller, une scène plus aimable, tirée de la Jérusalem délivrée du Tasse, par Louis-François Lagrenée l’Aîné, a été vendue au téléphone 165 000 dollars (990 000 francs) pour une estimation de 60 000 dollars (360 000 francs).
Si le choix offert par Sotheby’s le lendemain était meilleur, le même sentiment d’ennui a continué de régner. Un paysage brésilien de Frans Post, estimé à 1,5 million de dollars (9 millions de francs environ) a été le point-phare de cette vente. Peintre de troisième rang, Post a été toutefois le premier Européen à avoir peint les colonies hollandaises du Nouveau Monde : le tableau vendu est l’une des six œuvres connues réalisées sur place, alors que les autres ont généralement été réalisées d’après études, une fois le peintre revenu en Hollande. Les cinq autres de cette série sont au Mauritshuis et au Louvre, cadeau envoyé jadis à Louis XIV par le prince de Nassau-Siegen. L’intérêt des collectionneurs sud-américains et la valeur historique de ces œuvres ont provoqué un véritable engouement et ont fait grimper les enchères. Un marchand de New York, Martin Zimet, l’a emporté pour 3,25 millions de dollars (19,5 millions de francs).
Une Résurrection de Lazare par le Tintoret, vente inexplicable du Kimbell Art Museum à cause de sa qualité incontestable – aucun travail de l’atelier, la main du Maître étant partout visible, même dans les personnages secondaires – a été adjugée au marchand Larry Salander pour 825 000 dollars (4,95 millions de francs). La toile aurait besoin d’une légère restauration, mais les experts sont divisés sur la possibilité d’une telle intervention.
L’accès à la totalité de l’article est réservé à nos abonné(e)s
Ancien : ventes décevantes
Déjà abonné(e) ?
Se connecterPas encore abonné(e) ?
Avec notre offre sans engagement,
• Accédez à tous les contenus du site
• Soutenez une rédaction indépendante
• Recevez la newsletter quotidienne
Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°5 du 1 juillet 1994, avec le titre suivant : Ancien : ventes décevantes