C’est une humanité exténuée, décharnée. Sur les os, ils n’ont presque plus de peau. Sur la face, ils n’ont presque plus d’yeux pour pleurer.
Visages exorbités, joues ravinées, mains tendues, bouches muettes comme celles des carpes que l’on pêche ou des ânes que l’on bat, les êtres sculptés par Marc Petit sont amoindris par la vie, qui est l’adret de la mort. À Brive-la-Gaillarde, le sculpteur, né en 1961, expose une cinquantaine de réalisations parmi ses plus importantes des dernières années. S’entrechoquent des visions d’effroi, comme venues de ces camps où l’on parqua des hommes tels des bêtes, et des œuvres pleines de foi, de cette foi qui reste quand plus rien ne reste, de cette foi qui aide deux êtres spectraux à en soutenir un troisième, bras en croix. Deux larrons et un crucifié, trois squelettes encore capables d’avancer, malgré tout (La Famille, 2000). Dispersées dans le jardin du conservatoire, dans la cour d’honneur de la mairie ou encore dans la chapelle Saint-Libéral, les sculptures dessinent dans la cité corrézienne un chemin de croix autant qu’elles érigent Marc Petit en héritier de Matthias Grünewald, Alberto Giacometti, Francis Gruber ou Asger Jorn. L’Île bleue (2016), dernière ronde-bosse monumentale de l’artiste, paraît comme apaisée, et apaisante : une grande figure assise ouvre ses mains et ses bras, prête à nous réconforter, et à accueillir ce que nous sommes, avec nos péchés, nos vices ou nos secrets. De l’art de la consolation.
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Marc Petit, au milieu des décombres
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Abonnez-vous dès 1 €« Marc Petit. Œuvres choisies (2000-2016) », six lieux dans la ville, Brive-la-Gaillarde (19), www.tourismecorreze.com
Cet article a été publié dans L'ŒIL n°704 du 1 septembre 2017, avec le titre suivant : Marc Petit, au milieu des décombres