L’art de Paul Mansouroff, né à Saint-Pétersbourg en 1896, s’est révélé lors de la révolution russe et s’est épanoui durant les vingt-cinq dernières années de sa vie en France, à Paris d’abord, puis à Nice de 1970 à 1983, année de sa mort.
Son nom est connu, mais on ne le situe pas toujours immédiatement dans le mouvement de l’avant-garde russe, bien qu’il en fût l’un des protagonistes de 1917 à 1928. Ses archives, conservées à Nice dans la collection Sapone, ont permis au Centre d’art La Malmaison de lui consacrer une véritable rétrospective. Le parcours déroule un fil chronologique où l’on voit l’œuvre de l’artiste se constituer pour se terminer en apothéose : Mansouroff a élaboré la partie la plus cohérente et la plus singulière de son art à l’âge mûr. La dernière salle de l’exposition rassemble ces « formules picturales » à la fois brutes et puissantes qui se tiennent dans une verticalité immuable sur des planches de bois. Un minimalisme déjà développé à Pétrograd dans les années 1920, à travers notamment des séries de panneaux cubofuturistes et surtout des petites planches travaillées avec minutie sur lesquelles étaient portées des fines lignes ou des boules en suspension. La période « d’avant Nice », concentrée dans le premier espace de l’exposition, si elle est moins puissante, montre néanmoins combien son registre graphique est varié, prenant ses sujets aussi bien dans la tradition que dans ses propres recherches picturales. L’œuvre de Mansouroff donne à voir un ensemble très intéressant de la peinture abstraite du XXe siècle, laquelle laisse apparaître le caractère incomparable de l’école russe. Elle se place en filigrane dans la trajectoire artistique des peintres de l’avant-garde avec lesquels il a travaillé : Tatline dont il est proche par la sobriété technique, Matiouchine, dont il partage la culture organique, et bien sûr Malevitch, dont le dépouillement n’est pas éloigné.
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Mansouroff, l’autre avant-garde russe
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°705 du 1 octobre 2017, avec le titre suivant : Mansouroff, l’autre avant-garde russe