PARIS [15.07.13] - Catherine Hutin-Blay s’est fait voler plus de 400 dessins, lithographies, aquarelles et sanguines de Picasso dont elle avait hérité à la mort de sa mère Jacqueline. L’enquête encore en cours, rapportée par Le Parisien, met à jour un système de vol et de recel et plus de 600 œuvres.
Dans un entretien avec Le Parisien Catherine Hutin-Blay révéle les dessous de l’affaire qui la hante depuis 2011. C’est à cette date qu’elle a découvert que plus de 400 œuvres de Picasso avaient été dérobées chez elle. Elle a pris connaissance de son infortune lorsque la Picasso Administration l’a contactée au sujet d’une œuvre dont elle était propriétaire, à l’occasion d’une vente de dessins dans une grande galerie. Après comparaison de l’inventaire et de ses stocks, 407 dessins, estampes, aquarelles, sanguines et catalogues manquaient à l’appel.
Les vols auraient eu lieu entre 2005 et 2007.
En 2011, une première galerie de la rue Matignon met en vente quatre des oeuvres volées. On découvre ensuite qu’elles avaient été mises en dépôt par un médecin dénommé Herbert Pfeiffer, et que son épouse possède une galerie d’art à Saint-Germain-des-Prés, « Belle et Belle », offrant estampes, gravures modernes et lithographies - une coïncidence qui n’échappe pas à la Brigade de répression du banditisme. Lorsqu’elle se rend dans cette galerie le 22 mars 2012, elle y découvre des dizaines de dessins de Picasso d’origine douteuse et des gravures de Miro, dérobées à Sylvie Balatazart-Eon, la fille du marchand d’art Aimé Maeght, mais aussi l’ancienne voisine de Catherine Hutin-Blay. L’étau se resserre.
Les soupçons ont très vite pesé sur un certain « Freddy », confie l’héritière au Parisien. Homme « de confiance » de Sylvie Balatazart-Eon, il avait dirigé un chantier chez elle. Elle l’avait présenté à Catherine Hutin-Blay, chez qui il avait également effectué des travaux. Entrait également en compte un électricien prénommé Richard qui avait offert ses services aux deux femmes.
Après plusieurs perquisitions, la police a saisi chez l’électricien des œuvres de Miro et Bacon, propriété de la fille d’Aimé Maeght, qui lui auraient été offertes par « l’homme de confiance » qui a avoué être l’instigateur des cambriolages : il aurait dérobé des centaines d’œuvres entre 2007 et 2009.
Anne Pfeiffer, la galeriste de Saint-Germain-des-Prés aurait été approchée par l’intermédiaire d’un imprimeur lithographe que « Freddy » avait contacté, et lui aurait acheté 100 à 150 œuvres. Certaines des œuvres trouvées dans sa galerie avaient été manipulées, les numéros de tirage modifiés, et des mentions effacées. Elle nie avoir été au courant d’un tel trafic.
Au total, 407 œuvres ont été dérobées à l’ayant-droit de Picasso, et 260 à la fille d’Aimé Maeght. Jusqu’à présent, Catherine Hutin-Blay a pu en récupérer une vingtaine. Elle confie être très inquiète que le reste se retrouve à l’étranger, ce qui réduirait les espoirs de réunir sa collection, même si on se rappelle de la saisie heureuse en 2008 à Bergame de trois dessins de Picasso dans un colis postal en provenance des Etats-Unis.
Pablo Picasso - source Wikimedia
Le château de Vauvenargues, au pied de la montagne Sainte-Victoire, où résida Picasso de 1958 à 1961 et dans le parc duquel il est enterré - © Photo Malost - 2011 - Licence CC BY-SA 3.0
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L’héritière de la dernière femme de Picasso révèle le vol de 407 œuvres de l’artiste
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