« Du gâchis. » La critique britannique a visiblement peu apprécié « Expressionnisme abstrait », l’exposition qui a ouvert à la Royal Academy.
C’est que l’événement était attendu : « La plus grande exposition sur l’Expressionnisme abstrait programmée en Grande-Bretagne depuis environ six décennies », promettait-on outre-Manche, réunissant plus de cent cinquante peintures, sculptures et photographies. Bref, une exposition « ambitieuse » dont le résultat… ne convainc malheureusement pas. Dans le parcours muséal, les accrochages thématiques et monographiques se succèdent avec plus ou moins de bonheur. Si les salles sur « Les premiers travaux », « Arshile Gorky » et « Jackson Pollock » – quoique trop grande – font mouche, celle consacrée à « Geste et couleur » tente de montrer, mais sans y parvenir, les différentes voies plastiques suivies par les artistes américains au lendemain de la Seconde Guerre mondiale. Sam Francis y paraît bien à l’étroit près du Mark Rothko coincé entre l’angle du mur et la porte, quand Mark Tobey sort malheureusement affaibli du voisinage. Plus loin, la « chapelle » consacrée à Rothko souffre d’un mauvais éclairage, et Clyfford Still de solitude dans une salle bien trop grande où la confrontation avec l’œuvre de Barnett Newman aurait pourtant été intéressante… Passons sur le peu de place concédé aux femmes dans ce mouvement « masculin », sur la fonction bassement décorative accordée aux sculptures de David Smith et sur le Reinhard prisonnier de son caisson vitré, pour regretter qu’aucune place ne soit faite aux documents remettant l’Expressionnisme abstrait américain dans son contexte. Si l’accrochage ne compte qu’une seule photographie de Pollock par Namuth, aucune vidéo, aucun magazine ne viennent rappeler l’importance des artistes européens exilés aux États-Unis dans l’émergence du mouvement, ni même le rôle joué par Greenberg et la presse dans le soutien d’un art américain… Il en ressort le sentiment d’un Expressionnisme abstrait bien sage, pour ne pas dire scolaire, épuisé de toute son énergie.
L’accès à la totalité de l’article est réservé à nos abonné(e)s
l’Expressionnisme abstrait dévitalisé
Déjà abonné(e) ?
Se connecterPas encore abonné(e) ?
Avec notre offre sans engagement,
• Accédez à tous les contenus du site
• Soutenez une rédaction indépendante
• Recevez la newsletter quotidienne
Abonnez-vous dès 1 €Royal Academy of Arts, Burlington House, Piccadilly, Londres (Grande-Bretagne), www.royalacademy.org.uk
Légende Photo :
Lee Krasner, The eye is the first circle, 1960, huile sur toile, 235,6 x 497,4 cm, collection particulière. Courtesy Robert Miller Gallery, New York.
Cet article a été publié dans L'ŒIL n°694 du 1 octobre 2016, avec le titre suivant : l’Expressionnisme abstrait dévitalisé