PARIS [31.08.10] – Les ventes publiques sont reparties à la hausse après une calamiteuse année 2009. Mais la place parisienne n’avance pas au même rythme que Londres ou New-York.
Après un trou d’air qui n’aura duré que 18 mois, les ventes publiques d’art ont repris de belles couleurs, du moins à l’international. Le premier semestre 2010 a été marqué par deux records absolus : une toile de Picasso et un bronze de Giacometti ont dépassé pour la première fois les 100 millions de dollars. Et les ventes à 8 chiffres ne sont pas en reste, un portrait de Monet et une vue de Rome par Turner ont fait exploser les compteurs.
Mais cela se passe à New York et à Londres, où les grandes ventes ont atteint respectivement 1,1 milliards de dollars en mai et 395 millions de livres en juin, soit le triple des ventes de l’année précédente. Si ce n’est pas encore le niveau de 2007 et 2008 néanmoins on s’en rapproche.
Christie’s et Sotheby’s en forte croissance
Christie’s et Sotheby’s ont ainsi chacun pu annoncer un produit total des ventes (commissions incluses) en forte hausse par rapport au premier semestre 2009: 46 % pour le premier et un doublement ( 116 %) pour le second. Cependant, la maison de François Pinault garde l’avantage avec un CA de 2,57 milliards de dollars contre 2,2 milliards pour sa rivale.
La profitabilité est également dans le vert si l’on regarde le compte d’exploitation de Sotheby’s, qui, contrairement à sa concurrente, communique ses résultats. Alors que l’an dernier l’auctionner newyorkais affichait une perte semestrielle de 22 millions de dollars, il a dégagé un bénéfice de 84 millions de dollars en 2010. La bourse apprécie bien évidemment cette performance. L’action Sotheby’s continue à jouer aux montagnes russes : elle cote aujourd’hui 30,61 dollars, contre un plus bas de 6,71$ en février 2009 et un plus haut historique de 54$ en octobre 2007.
France : timide reprise
En France, les 43 millions d’euros obtenus pour une sculpture de Modigliani chez Christie’s (1ère maison de vente) et les 87% d’augmentation de croissance de Sotheby’s (2ème) font figure d’exception. Le marché redémarre mais sur un rythme plus calme. Drouot progresse de 17 % d’un semestre sur l’autre, Artcurial (3ème ) est plus ou moins stable. PIASA ( 58%) et Millon ( 31%) affichent de leur côté des évolutions plus encourageantes.
Reste que la relance en France est bien là, dessinant un étonnant contraste avec le plan de rigueur des finances publiques et la croissance du PIB. Après la forte baisse de 2009 (-2,6%), l’évolution du PIB français est redevenue positive au premier semestre 2010 mais reste faible ( 0,1 %), même si l’INSEE et la Banque de France entrevoient un rebond au second trimestre (entre 0,4% et 0,5%).
Le ciel s’éclaircit
Les perspectives ne sont pas les mêmes en Europe et dans le reste du monde. Aux Etats-Unis, le cercle vertueux est de nouveau enclenché. Les collectionneurs se remettent à vendre. Le climat psychologique en 2008 et 2009 les avait dissuadés de sortir leurs belles pièces. Mais ils ont vite été rassurés : il y a de plus en plus de riches dans le monde, prêts à acheter des œuvres d’art. Il est intéressant de constater qu’à l’instar de l’or, valeur refuge historique, les collectionneurs se replient encore sur les valeurs sûres : Picasso, Giacometti et Modigliani. L’art contemporain ne flambe pas (encore ?) comme en 2007.
En Asie, les ventes publiques sont en surchauffe, alimentées par la production de nouveaux multi-millionnaires et leur désir d’acheter leur patrimoine. Selon l’excellent rapport du Conseil des Ventes Volontaires (en France), 7 des 15 premières maisons de ventes dans le monde en 2009 sont chinoises, même si le total de leur CA n’atteint pas la moitié du CA de Christie’s.
Les ventes publiques en France sont traditionnellement moins exposées aux grandes vacations d’art impressionniste, moderne et contemporain avec des lots à plusieurs millions d’euros qui font fluctuer les ventes dans de grandes proportions. Elles s’adressent aux segments inférieurs du marché. En effet, il ne faut pas analyser le marché de l’art à l’aune des grandes ventes de Londres ou de New York. Celles-ci ne constituent que le segment supérieur des ventes publiques s’adressant aux très riches collectionneurs insensibles à la crise économique. Les segments inférieurs sont plus perméables à la réalité économique. En France notamment, antiquaires, galeristes et brocanteurs sont souvent les premiers clients, vendeurs et acheteurs, des maisons de vente. Or ces marchands ne sont pas au mieux de leur forme.
Avec un taux de croissance annoncé de 0,4 % par trimestre pour le second semestre, le plan de rigueur gouvernemental et les démêlés judiciaires de Drouot, où la compagnie des « cols rouges » vient d’être mise en examen, la situation du marché de l’art en France devrait s’améliorer sans faire des étincelles. C’est toujours cela.
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Les ventes publiques reprennent leur envol, surtout à l’international
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Abonnez-vous dès 1 €Christie's rue St James, Londres - Photographe : Wally Gobetz - Licence Creative Commons 2.0