Pour les galeries qui posent leur candidature, les foires sont devenues un enjeu crucial.
Bernard Utudjian de la Galerie Polaris le dit sans amertume : « J’ai été accepté pendant treize ans à la Fiac, puis refusé pendant trois ans ; avant d’être réintroduit durant trois années et d’être à nouveau refusé. » Était-ce lié aux membres du comité de sélection ? « Honnêtement, je ne le pense pas. Le problème des comités de toutes les foires, et on ne peut leur en vouloir, est de ne pas connaître les galeries. Cela était possible dans les années 1980. Quand j’ai ouvert ma galerie, Paris comptait alors vingt-cinq galeries d’art contemporain. Aujourd’hui, aucune galerie parisienne n’est capable de connaître toutes les galeries à Paris mais aussi en région et à l’international. » Les refus essuyés, Bernard Utudjian reconnaît toutefois ne les avoir jamais compris, aucun courrier lui notifiant le rejet de sa candidature n’ayant été suivi d’explication. « Je proposais pourtant cette année un solo-show de l’artiste palestinien Khaled Jarrar que ne représente aucune galerie et dont on parle beaucoup. » Sa présence à Paris Photo aurait-elle joué en sa défaveur ? « Je l’ai pensé quand j’ai été refusé la première fois. Mais les programmes sont distincts et, à la Fiac, je ne proposais pas de photos. »
Erreur de casting
« Les dossiers de candidature sont de plus en plus compliqués à faire, le choix des artistes de plus en plus délicat », constate de son côté la galeriste Anne Barrault refusée depuis cinq ans à la Fiac et qui, pour la première fois, n’a pas postulé à Paris Photo en raison d’un résultat peu convainquant l’an dernier. « Auparavant, nous postulions mais demeurions un client qui devait soumettre l’histoire de sa galerie avec la liste des artistes qu’elle représentait. On ne me demandait pas un projet d’exposition. » « Ni de modifier sa proposition », lance cet autre galeriste parisien qui n’a pas fait cette année acte de candidature après deux refus successifs et qui se souvient d’un appel reçu de Chantal Crousel [NDLR, membre du comité de sélection de la Fiac de 2007 à 2012] lui confiant que son dossier ne convenait pas et lui proposant de présenter d’autres artistes. Conseil qui lui permit alors de participer à la foire.
En juillet dernier, Renos Xippas crut de son côté que la Fiac marchait sur la tête lorsqu’il apprit qu’il ne ferait pas partie de la foire. « Pour la cinquième année, depuis qu’existe le prix Marcel Duchamp, j’ai encore un artiste finaliste. Imaginez que Farah Atassi, que j’avais proposée cette année, remporte le prix ! » L’erreur de casting fut cependant rapidement réparée du côté de Reed Expositions d’autant que Renos Xippas, membre du comité de Paris Photo, menaçait de ne pas participer à Paris Photo. « Le refus essuyé déstabilise, car il symbolise une non-reconnaissance du métier que l’on fait par les confrères, estime Bernard Utudjian. Il a également une incidence sur les artistes que la galerie représente, tentés d’aller voir ailleurs, mais aussi sur la participation à Basel ou à Frieze », poursuit-il. Ne pas être accepté à la Fiac ou à Paris Photo fragilise l’activité, disent invariablement ceux qui s’y présentent. « Pour nous, c’est un rendez-vous extraordinaire qui donne une visibilité importante », relève Anne Barrault qui participe donc cette année à Young International Artists, « salon d’art contemporain émergent en complémentarité des grandes foires internationales et événements culturels », qui se tient à Paris au même moment que la Fiac.
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Les refusés restent souvent dans l’incompréhension
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°662 du 1 novembre 2013, avec le titre suivant : Les refusés restent souvent dans l’incompréhension