Les musées new-yorkais débattent de la vente de leurs collections en temps de crise

Par LeJournaldesArts.fr · lejournaldesarts.fr

Le 18 janvier 2010 - 441 mots

NEW YORK (ETATS-UNIS) [18.01.10] – A New York se tenait à la mi-janvier un grand colloque des musées de l'Etat sur la vente d'œuvres d'art pour payer les factures en temps de crise. Un débat complexe et intense entre les acteurs du monde culturel américain, entre ceux favorables à une législation interdisant la vente, et d'autres rejetant une telle mesure.

En ces temps de crise, certains musées américains ont du vendre des œuvres de leur collection pour renflouer des caisses vidées par la récession. De nombreux autres musées ont été tentés par ce genre de mesure, et presque tous y ont pensé.
C'est sur ce constat que s'est ouvert le 14 janvier à New York une grande table-ronde sur la question de la vente d'œuvre des collections des musées publics, et dont le New York Times rapporte les débats passionnés et les questionnements des responsables un peu désemparés face à des situations financières catastrophiques.

Si les grands musées arrivent à limiter les pertes en s'appuyant sur des fonds conséquents et des mécènes fidèles, les petits musées font face à des situations beaucoup plus critiques en termes financiers, qui les forcent à se séparer de certaines œuvres. L'Association des musées de l'Etat de New York a proposé la possibilité d'un texte de loi interdisant formellement de vendre des œuvres des collections des musées publics « au profit de dépenses ordinaires et de fonctionnement courant » , un profit opposé à celui des acquisitions, pour lesquelles une vente reste tolérée par l'Association des musées américains.

Si les inquiétudes sur une privatisation accélérée des collections publiques sont prises au sérieux, il ressort de ce grand débat que les directeurs des petits musées ont des inquiétudes beaucoup plus immédiates. Carol Ghiorsi, directrice du Suffolk County Vanderbilt Museum, voit son musée menacé de fermer ses portes, sans pouvoir donner de réponse satisfaisante à ses visiteurs : « On m'a demandé pourquoi on ne vendait pas quelque chose, et nous avons répondu que nous perdrions nos accréditations [de l'Association des musées]. On m'a répondu : "Vendez une momie, ce n'est pas comme si vous risquiez la prison" », a-t-elle confié lors de son intervention.

Le dialogue semble difficile, car si une majorité de dirigeants de musées ne semblent pas hostiles à une législation encadrant la vente d'œuvres, la plupart rejettent une interdiction totale, sans possibilité d'exception.
Richard L. Browski, le représentant de l'Etat de New York, est intraitable sur ce point : « Je n'accepterai pas d'exceptions. Vous ne pouvez pas être un peu enceinte, pas plus que vous ne pouvez vendre un petit peu ».

Le débat éthique sur la vente par les musées américains d'œuvres de leurs collections semble loin d'être clos.

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