Avec l’époque Art déco, le lampadaire prend sa place dans le décor moderne. La lampe de Gallé placée sur une sellette a cessé de plaire. La généralisation de l’électricité répond au désir d’un confort lumineux et fonctionnel.
Dès 1922, Albert Rateau, décorateur et créateur de meubles, installe un lampadaire dans la salle de bains de la célèbre couturière Jeanne Lanvin qui en lance la mode. Edgar Brandt (1880-1960) est un ferronnier de talent qui participe activement à l’Exposition des arts décoratifs de 1925, où il présente un lampadaire en bronze dont la tige a la forme d’un cobra dressé sur sa queue enroulée à la base. La vasque d’éclairage est en verre à marbrures orange, signée Daum Nancy. Brandt évolue par
la suite vers des lignes dépouillées où les motifs stylisés géométriques se substituent aux ornements naturalistes.
Architecte du Pavillon du tourisme à l’Exposition de 1925, Robert Mallet-Stevens est également concepteur de meubles. Avec l’architecte viennois Joseph Hoffman, le décorateur Francis Jourdain, l’ébéniste Pierre Chareau et autres pionniers du style Art déco, il préconise les lignes droites dans l’harmonie des volumes sans ornements. Il emploie pour ses lampadaires des tubes rectilignes en métal chromé qui se prolongent par des vasques en cornet. La base circulaire, lestée pour assurer la stabilité, comporte un interrupteur de courant, détail pratique qui illustre une volonté de faciliter la vie de l’usager.
Jean-Michel Frank (1893-1941), décorateur en vogue, réalise des meubles aux lignes géométriques d’esprit néoclassique. Ses lampadaires comportent des fûts élancés en verre, parfois torsadés, couronnés d’une vasque en aluminium. Son modernisme épuré lui vaut, à condition d’une bonne provenance, des cotes très élevées.
Serge Mouille (1922-1988), spécialiste de l’éclairage, élabore différents types de luminaires et d’appliques à plusieurs bras de lumière, munis de réflecteurs en aluminium laqué noir, montés sur rotule permettant d’orienter l’éclairage. Il a également conçu un prototype de luminaire formé d’une tige d’acier montée sur trépied formé de deux grandes branches et d’une plus courte à l’arrière qui assure un parfait équilibre. Ce modèle illustre le design fonctionnel le plus épuré.
Citons encore Gilbert Poillerat (1902-1988), ferronnier disciple de Brandt, créateur de lampadaires aux lignes fortes et élégantes en fer forgé patiné. Avec Alberto Giacometti (1901-1966), qui a réalisé plusieurs lampadaires en bronze à patine foncée (dont un modèle a été vendu 80 000 euros chez Tajan le 28 mai 2002), nous passons de l’utilitaire à la sculpture.
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Les lampadaires ont la cote
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°555 du 1 février 2004, avec le titre suivant : Les lampadaires ont la cote