PARIS
Les femmes artistes sont, toutes générations confondues, particulièrement nombreuses dans cette première édition de Menart Fair.
Si les registres plastiques diffèrent, une constante se dessine pourtant : la place de la littérature et de la poésie dans la formation comme dans la création des artistes femmes. L’itinéraire artistique d’Etel Adnan (née en 1925 à Beyrouth) ne peut ainsi pas être dissocié de la poésie, comme le parcours de Simone Fattal (née en 1942 à Damas), sa compagne depuis 1972, ne peut pas se distinguer de l’édition et des grands récits épiques (de L’Épopée de Gilgamesh à L’Odyssée). Le dialogue entre Etel Adnan et Simone Fattal a d’ailleurs donné lieu à de nombreuses expositions et à plusieurs ouvrages, dont le dernier en date, Grandir et devenir poète au Liban, a paru en 2019 aux éditions L’Échoppe.
C’est à partir du Shâhnâmeh ou Le Livre des rois de Ferdowsi, poète persan du Xe siècle, que la jeune Iranienne Soraya Sharghi (1988, Téhéran) crée quant à elle les personnages surnaturels de ses peintures. L’imaginaire de la peintre et poète iranienne Katâyoun Rouhi (1965, Shiraz) puise aussi ses références dans ce récit, non sans mentionner souvent La conférence des oiseaux du poète soufi persan al-Din Attar. La Saoudienne Lulwah Al Homoud est célèbre pour son processus complexe qui utilise des lettres arabes pour former des œuvres abstraites complexes, ainsi que Reem al Faisal, première femme photographe à avoir documenté l’intégralité du Hajj et première de la région du Golfe à avoir exposé son travail en Palestine. La Tunisienne Delel Tangour fait circuler la vérité de l’image entre l’indice et la fiction, tandis que la Qatarienne Shuaa Ali explore la relation tradition-modernité et l’identité culturelle de son pays. Quant aux phrases des sculptures en cire de l’artiste algérienne Amina Zoubir, elles renvoient à ce qui fonde les luttes contre l’oppression. La peintre, auteure et vidéaste Hanieh Delecroix Tabatabaei s’est inspirée, dans sa série Panser Joyce à mi-maux, de la poétesse Joyce Mansour, présentée au Musée du quai Branly en 2005. L’artiste utilise le support fragile du papier comme une peau pour y laisser des traces écrites.