L’ère de l’autocène

Bien plus que tout autre moyen de déplacement, elle a structuré nos sociétés et ses paysages par ses infrastructures, et a colonisé bien des imaginaires dont ceux des artistes. L’exposition imaginée et mise en scène par le designer Olivier Peyricot fait réfléchir sur les questions, parfois dérangeantes, que pose l’automobile d’aujourd’hui et de demain. La voiture évolue de plus en plus vers un objet numérique capteur de données. Mais jusqu’où ? Entre le projet précurseur du « Media Van » lancé sur les routes par le collectif d’architectes américains Ant Farm dans les années 1970, la voiture autonome dont les industriels se méfient aujourd’hui et les robots autonomes de Stéphane Degoutin (né en 1973) et Gwenola Wagon (née en 1975) qui communiquent avec les chats, quelque chose reste à inventer. La fabrication et l’exploitation de l’automobile monopolisent d’innombrables ressources naturelles encore très faiblement recyclées. L’artiste belge établi au Maroc, Eric Van Hove (né en 1975) confronte le savoir-faire des artisans locaux avec la mécanique automobile. Quant à Folke Köbbeling (née en 1969) et Martin Kaltwasser (1965-2022), ils démontent des voitures pour en faire des vélos. Le citoyen a-t-il encore son mot à dire face à l’automobile telle qu’elle lui est imposée ? Dans la dernière partie de l’exposition, les voitures hybrides de Cuba, les Tesla en fil de cuivre de Lubumbashi (République démocratique du Congo) ou le collectif français 47.2 qui a transformé la carcasse d’une Fiat 600 en four à céramique font émerger des réponses. Déjà présentée en 2022 à la Cité du design de Saint-Étienne, « Autofiction » se déploie ici avec une nouvelle présentation et un nouveau contenu adaptés aux dernières mutations de l’objet automobile.