PARIS [14.10.15] - Des membres d'un mouvement « Révolutionnaire » se sont associés aux défenseurs de l'église Sainte-Rita en occupant l'édifice promis à démolition. Le propriétaire et commanditaire des travaux sort de son silence.
Le chantier de démolition de Sainte-Rita n'a toujours pas commencé. Lundi 4 et mardi 5 octobre 2015, des membres de l’association Les arches de Sainte-Rita s’étaient rassemblés pour empêcher le début de la démolition de l'église catholique gallicane par un promoteur immobilier.
Ils ont été soutenus par la mairie du XVe arrondissement (LR), opposés à ce chantier que la mairie de Paris avait validé en mars 2012 en délivrant un permis de construire. Après quelques échauffourées entre le maire d’arrondissement et les ouvriers ces derniers sont repartis sur ordre de la police mardi, pour ne plus revenir. Au cours de la semaine, les défenseurs de l’édifice ont reçu un nouveau soutien : des personnes affiliées au mouvement du 14 juillet ont réussi à pénétrer dans l'édifice en passant par le toit. Samedi 9 octobre, ils ont cassé le mur qui barre l’entrée du bâtiment depuis plusieurs mois dans l'attente des travaux et ont rouvert le lieu au public. Une messe a ainsi été célébrée le dimanche 10 octobre à l'intérieur de l'église. L’église néogothique (que la commission du vieux Paris avait jugé « sans qualité particulière, spatiale, décorative ou constructive » en 2011) est désormais ouverte aux défenseurs du lieu et journalistes. Entre une statue de Jeanne d’Arc et de Sainte Rita (patronne des causes désespérées), le chemin de croix manque à l’appel : il aurait été emporté, selon l’association, par l'ancien archevêque du lieu.
Les membres du mouvement occupent aujourd’hui le lieu 24 heures sur 24. Des matelas ont été disposés près de la rosace. « Nous avons signé un contrat moral avec l'association Les arches de Sainte Rita. Nous protégeons le lieu et nous partirons quand le projet de démolir sera abandonné », explique Hélène, membre du mouvement du 14 juillet. Soutenu par des Anonymous, ce collectif se revendiquant apolitique, souhaite « mener une révolution pacifiste », qui « rendrait parole et place au citoyen ». Une partie des manifestants campait sur les pelouses des Invalides depuis l'échec de son « coup d'état » du dernier 14 juillet, censé « destituer le gouvernement ». Aujourd'hui, la défense de ce lieu de culte « vendu à la spéculation contre l'avis de ses fidèles » leur apparaît comme « un combat en lien avec leurs convictions ». « Et nous cherchions un nouveau lieu où nous installer avec la baisse des températures », reconnaît aussi un membre du mouvement.
Contactée par LeJournaldesArts.fr, la société Garibaldi - qui a acheté le lieu à la société des chapelles catholiques et apostoliques qui a fait bâtir l'édifice en 1900 - est enfin sortie de son silence. « Seule les Arches de Sainte Rita se sont exprimées dans les médias », reconnaît le porte-parole de la société (associée au promoteur immobilier Lamotte) dénonçant des « fausses informations » transmises par l'association de défense de l'édifice.
« Le désamiantage aurait dû commencer lundi 4 octobre, premier jour du chantier » affirme le porte-parole, protestant contre l'information « véhiculée par l'association » selon laquelle le propriétaire n'avait pas l'intention de désamianter le lieu. Selon lui, le permis ne serait en outre pas périmé à cause « des nombreux référés déposés par l'association au cours des dernières années qui sont venus suspendre le temps ». Quant au permis de construire censé être affiché sur le terrain, celui-ci aurait été « retiré par les défenseurs de l'église » eux-mêmes. Ces dernières semaines, l'association a déposé un référé pour invalider le permis. « Celui-ci n'est pas suspensif des travaux. Légalement, ils peuvent commencer dès maintenant mais cela ne sera pas fait si il y a un risque de sécurité », explique le porte-parole, qui précise que la société pesait actuellement « le pour et le contre pour savoir quelle suite donner » au dossier.
L’association des Arches de Sainte Rita entend « négocier avec le propriétaire » pour devenir locataire des lieux et permettre au culte de l'église, qui a la particularité d'être ouvert aux animaux, de reprendre. « Nous récoltons des dons », explique le président François Lusinchi.
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L’église Sainte-Rita occupée par des opposants à sa destruction
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Abonnez-vous dès 1 €Un "anymous" à l'intérieur de l'église Sainte-Rita, le 12 octobre 2015
L'église Sainte-Rita, vue de la rue François Bonvin (Paris 15°), le 13 octobre 2015
© Photos Margot Boutges pour LeJournaldesArts.fr