Les romans noirs qui se déroulent dans le milieu de l’art aiguisent plus que jamais la plume des auteurs, appellent l’intérêt des éditeurs et attisent la curiosité des lecteurs, captivant le regard dans la lumière aveuglante de ses reflets, comme seule une ombre au tableau semble savoir donner aux grandes renommées un air d’authenticité.
Ce type d’ouvrages, peut-être bientôt un genre à part entière, a même trouvé récemment un écrin dimensionné, une collection spécifiquement dédiée, Art Noir, chez Cohen&Cohen. Un tel intérêt ne saurait être fortuit dans les lumières troubles d’aujourd’hui. Car quand la dimension de l’art fait irruption dans la réalité, les couteaux ne sont pas à peindre. La noirceur tranche dans le vif, à l’image du couple cynique qui unit fatalement l’artiste, son œuvre et son commerce dans un rapport jugé contre-nature, jusqu’au crime passionnel. Ce que nous dit ce mystère sulfureux qui pèse sur l’imaginaire romanesque d’un œil actuel porté sur le monde de l’art semble lié aux énigmes et aux secrets, aux mises en scène que les auteurs d’une œuvre artistique entretiennent bien souvent eux-mêmes avec le monde. C’est la question fondamentale de l’art dans la société qui est alors soulevée : est-il dangereux pour l’homme, tout au moins pour sa vie ? Pousse-t-il plus près du divin ou plus près de l’abîme ? Est-il seulement un pousse-au-crime ? Par son rapport à la célébrité que confère la reconnaissance des œuvres artistiques, qu’elles soient littéraires, graphiques, plastiques… Par la convoitise qu’il fait naître autour de lui, inexorablement : désir d’avoir ou bien de posséder, désir d’être et d’être désiré, désir d’en être, quitte à n’être plus qu’un reflet de ses désirs d’en être, ou plus qu’une copie de soi qui soit exprimée. L’art, s’il est acte d’amour, fait-il naître la mort de toute humanité ? Ce que le thème du faussaire, souvent exploité, dit de nous et de notre époque en quête de sincérité se trouve entre les lignes de fuite, entre l’imitation de la vie et les limitations de toute vérité, à aiguillonner notre rapport au beau qui pourrait l’être bien trop pour être simplement vrai.
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Le vrai du faux
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°703 du 1 juillet 2017, avec le titre suivant : Le vrai du faux