Le sport au-delà des clichés

La reprise par le Musée olympique de cette vaste rétrospective rappelle l’exercice périlleux auquel elle s’est prêtée, surtout dans ces espaces qui, bien que vastes, se révèlent difficiles à découper. En privilégiant l’approche du sujet par thème, et non du point de vue chronologique, Gail Buckland donne néanmoins une vision kaléidoscopique intéressante d’un sujet où l’on croise des auteurs aussi différents que le photographe précurseur du culturisme Georges Demenÿ (1850-1917), Jacques-Henri Lartigue, Henri Cartier-Bresson, Walker Evans ou que les grands noms du genre d’aujourd’hui, Bob Martin, Tim Clayton ou Franck Seguin. Au-delà de la célébration du corps, de l’esthétique puissante du geste et du mouvement, elle montre la diversité et le renouvellement des approches, en particulier au niveau du portrait. « La photographie ne doit pas uniquement montrer des gagnants, des perdants ou des héros. Elle doit permettre de comprendre pourquoi nous aimons le sport », dit-elle. Le message de certaines images au sujet du nazisme ou de la lutte contre le racisme des sportifs afro-américains réserve d’autres temps forts. La quasi-absence de femmes photographes dans le panel des auteurs retenus, notamment contemporains, rappelle pour sa part les codes qui régissent encore le genre.