PARIS
C’est la surprise que l’on n’attendait pas. La Fiac s’étend au Petit Palais qui lui fait face, avec près d’une quarantaine d’œuvres et installations de grand format que ne peuvent accueillir des stands traditionnels ; elles investissent la Galerie et le Pavillon Sud ainsi que la Galerie des grands formats, mais aussi le jardin et l’esplanade devant l’édifice, qui accueillera un lapin géant (15 mètres de haut) de Barry Flanagan présenté par Waddington Custot (Londres), véritable balise de cette extension de la manifestation.
Grand et Petit Palais à nouveau jumelés
Profitant de la piétonisation de l’avenue Winston Churchill pendant la durée de la foire, ce partenariat à toutes les chances de trouver un public nombreux, d’autant que c’est dès la chaussée qu’il sera matérialisé, avec des œuvres de Lawrence Weiner (Marian Goodman, Paris ; Alfonso Artiaco, Naples) et Jacques Villeglé (Georges-Philippe et Nathalie Vallois, Paris). Le premier, véritable défenseur d’un art public, relie les portes des deux bâtiments grâce à une série d’énoncés en enfilade, tandis que le second inscrit au pochoir sur le bitume, avec son alphabet sociopolitique, une sentence de circonstance d’Henri Michaux : « L’art est ce qui aide à tirer de l’inertie. »
Quoique minoritaire, l’art moderne n’est pas oublié, grâce notamment à la galerie Le Minotaure (Paris) qui propose un grand plâtre d’Étienne Béothy, haut de 2,60 mètres et daté de 1928 (L’homme supérieur (grand), Opus 032). Maître des télescopages visuels autant que dialectiques, Bertrand Lavier (Almine Rech, Paris) expose un magnifique piano entièrement repeint avec sa « touche Van Gogh » si marquée (Gaveau, 2008). Peut-être sera-t-il heureux de constater qu’un peu plus loin 1900-2000 (Paris) exhume un exemplaire issu de la « série E » et daté 1963 du musée portatif de Marcel Duchamp, sa fameuse Boîte-en-valise, dans lequel tous les objets furent peints à la main ! Des objets toujours (cubes, cylindres…), comme à l’accoutumée sortis de leur contexte avec Manfred Pernice (Neu, Berlin), sont empilés en une curieuse tour qui questionne le rapport à la monumentalité du monde contemporain (Kubo-Kahla 3, 2015). Une monumentalité nullement étrangère à la sculpture de Jannis Kounellis proposée par la galerie Lelong (Paris), composée avec ses matériaux fétiches : l’acier, le charbon et la toile de jute, avec une poutre IPN reposant sur des sacs de charbon (Untitled, 1993-1994).
Alors que Jimmie Durham s’ingénie à détourner formes et objets avec une petite cascade, spécialement produite pour l’occasion, s’écoulant depuis un échafaudage dans un bassin en plastique (Michel Rein, Paris), Vivien Roubaud poursuit avec une nouvelle œuvre réunissant de manière artificielle les fonctions naturelles propices à l’expansion d’une stalactite, perpétuant ainsi son entreprise de désorganisation des savoir-faire et de contournement des fonctions.
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Le Petit Palais voit grand
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°465 du 14 octobre 2016, avec le titre suivant : Le Petit Palais voit grand