La donation en 1998 à la Fondation des Danseuses au repos, un superbe pastel de Degas exécuté juste cent ans auparavant, est à la source de cette exposition.
Autour de cent cinquante œuvres toutes venues de Suisse et pas moins de soixante-dix artistes, elle déroule sur cinq siècles l’histoire et le rôle du pastel dans l’art. Elle met en valeur la profusion des effets et des nuances que ce précieux et fragile médium, plus qu’un simple relais entre dessin et peinture, permet de créer. De Barocci à Perronneau et de Vuillard à Klee, le visiteur est invité à admirer la variété des sujets abordés et à discerner l’étendue des pratiques. En suivant le parcours des salles, il passe des portraits aux paysages, du chatoiement au velouté et du vaporeux au flamboyant. Trois espaces distincts, le premier consacré à Degas et ses irisations, le suivant à Sisley dont on découvre le talent oublié de pastelliste révélé par ses aplats dans de petites scènes champêtres, le dernier à Redon et ses lueurs mystiques, rappellent le goût des maîtres du XIXe pour la lumière du pastel. Un focus justifié est fait sur les créateurs helvétiques, notamment sur Giovanni Giacometti qui composa une série de feuilles très poétiques. La section consacrée à la création contemporaine et ses expérimentations souvent hermétiques s’avère moins convaincante. L’accrochage, bien que strictement chronologique, évite le piège de la monotonie et montre que le pastel, longtemps critiqué pour sa fadeur, n’a rien perdu de sa vigueur.
Cet article a été publié dans L'ŒIL n°711 du 1 avril 2018, avec le titre suivant : Le pastel en fête
