Entre 1916 et 1918, Wilhelm et Henny Hansen ont rassemblé dans leur manoir d’Ordrupgaard au Danemark une collection exceptionnelle d’œuvres impressionnistes et post-impressionnistes qui couvre un demi-siècle de création, depuis la vision contemplative de Corot, « dernier des classiques et premier des modernes », point de départ de la collection.
Du réalisme de Courbet à l’école de Barbizon, en passant par Cézanne et jusqu’au synthétisme de Gauguin, le sentiment qui se dégage de cette collection présentée au Musée Jacquemart-André est celle d’un art éblouissant, comme une ode à la beauté, à la sérénité. Ici, pas d’accumulation d’œuvres, quarante-six tableaux sont présentés et autant de pépites. Des toiles de Corot, Cézanne, Matisse, Monet, Pissarro, Morisot, Renoir, Sisley et deux tableaux, seulement, d’artistes danois. Des œuvres qui vont faire courir des milliers de visiteurs. Du « consensuel dans l’art ». Durant cette promenade dans un univers rêvé, certaines toiles arrêtent particulièrement le regard et surprennent : une Nature morte d’Odilon Redon, de facture très classique, très loin de son style, garde entière sa part de mystère. Deux Degas inhabituels : le premier, Femme se coiffant, cadré très serré comme un zoom photographique, d’une veine presque symboliste, aux couleurs complémentaires rouge et vert, représente un visage aux yeux clos, comme absorbé dans ses pensées ; le second, Cour d’une maison, représentant un groupe d’enfants, une scène de genre assez rare chez Degas, est l’une des dernières œuvres classiques de l’artiste avant qu’il ne rejoigne les impressionnistes. Une toile de Courbet intitulée Le Change, épisode de chasse au chevreuil, sans conteste l’un des plus beaux tableaux de l’exposition, montre deux chevreuils bondissants dans un paysage de neige, comme plaqués sur le décor. Une nature morte de Manet qui représente une petite Corbeille de poires, un sujet récurrent chez l’artiste, mais ces poires, simples et mystérieuses, ont une énergie qui les dépasse. Enfin, La petite rêve, étude, qui n’a d’étude que le nom, un tableau vibrant et sensuel de Gauguin, impressionniste par sa touche et ses tonalités mais symboliste par l’atmosphère qui s’en dégage. Il faut courir à cette exposition, bien sûr. LINA MISTRETT
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Le jardin extraordinaire des Hansen
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Cet article a été publié dans L'ŒIL n°706 du 1 novembre 2017, avec le titre suivant : Le jardin extraordinaire des Hansen