Le dessin en partage

Un must amoureusement collecté par ce couple de collectionneurs qui, depuis 1974 et l’achat de leur premier Delacroix en salle des ventes, est parvenu à réunir un ensemble unique de dessins français du XVIIe au XIXe siècle. Les cent neuf dessins exposés illustrent leur goût exquis guidé par la recherche constante de la qualité plus que de l’exhaustivité. Malgré tout, peu de grands noms manquent à l’appel, au côté desquels voisinent des signatures plus confidentielles. Parmi les pointures consacrées, signalons François Boucher avec un vigoureux Satyre à la sanguine et Georges Seurat avec sa féerique maison hantée tracée au fusain. Chez les signatures réputées, mais moins identifiées du grand public, retenons Eustache Le Sueur avec un admirable Homme drapé à la pierre noire ou Pierre-Paul Prud’hon et son inoubliable Allégorie de laFortune commentée par Pierre Rosenberg, commissaire de l’exposition et coauteur, avec Louis-Antoine Prat, des catalogues raisonnés des dessins de Poussin, de Watteau et de David, trois dessinateurs légendaires présents dans cette exposition. Celle-ci est séquencée en six chapitres suivant la chronologie des styles. On s’y promène avec délectation tout en se félicitant de revoir à terme ces chefs-d’œuvre au Louvre, pressenti pour être la dernière demeure de cette collection exemplaire. Celle-ci est fidèle à la maxime de ses créateurs : « On ne possède que ce que l’on partage, qu’il s’agisse d’objets ou de savoir. »