Sobre, le Mémorial de Drancy aux larges vitres préfère la réflexion du dehors à l’opacité des murs. Muet, comme la cité qui lui fait face, ce mémorial garde en lui une parole qui accueille, mais qui n’impose pas.
De 1941 à 1944, un camp situé à Drancy préparait la déportation d’hommes, de femmes et d’enfants. Enfiché de quatre buildings au style HLM et d’un immeuble en forme de U (les buildings n’existant plus), le camp a d’abord été un projet urbaniste qui se voulait utopiste, comme de nombreuses ambitions modernistes.
À l’occasion de ses cinq ans, le Mémorial décide de revoir cette histoire à travers un détenu, Georges Horan-Koiransky (1894-1986). Composée de cinquante-six estampes, publiées en 1947 dans un recueil qui s’intitule Le Camp de Drancy, au seuil de l’enfer, et d’archives, l’exposition retrace le périple de cet homme qui, à l’aide de René Blum (le frère cadet de Léon), réussira à faire publier ses témoignages.
Corps dessinés grassement, prêts à être déportés – comme dans le dessin Plus de 120 000 juifs sont déportés – ou croqués sur le vif, l’artiste dessine malgré tout, malgré le papier qui manque, malgré la peur, malgré les corps et les visages qui partent et disparaissent. D’autres fois, ses dessins sont comme de légers temps de pause, qui restent « au seuil de l’enfer », comme dans ces Quelques Minutes agréables, qu’il immortalise en croquant des détenus qui se douchent.
Koiransksy mourra en 1986 à Boulogne-Billancourt. L’exposition est didactique et intéressante, on regrettera cependant sa petitesse malgré les quelques documents disponibles.
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Le dessin au seuil de l'Enfer
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°707 du 1 décembre 2017, avec le titre suivant : Le dessin au seuil de l'Enfer