L’artiste indien Tyeb Mehta est décédé

Le décès de l’artiste Tyeb Mehta le 2 juillet à Bombay était annoncée sur presque toutes les couvertures des journaux indiens. Dans un communiqué, le Premier Ministre indien Manmohan Singh a estimé que sa mort était « une grande perte pour le monde de l’art ».

A ses débuts, cet artiste né en 1925 à Kapadvanj, en Inde occidentale, s’est associé au Progressive Artists Group, groupe fondé en 1947 par des artistes comme lui de la première génération postcoloniale tels que Francis Newton Souza, Maqbool Fida Husain et Syed Haider Raza. Très influencé par l’art moderne européen, ce groupe a rompu avec le nationalisme et le traditionalisme de l’école du Bengale. Mehta a été particulièrement marqué par l’oeuvre de Picasso, Matisse, Kandinsky et Bacon.

Sa démarche a été également influencée par son éducation dans une communauté chiite. Lors des émeutes qui ont marqué la partition de l’ Inde, il a assisté au lynchage d’un homme à coup de pierres devant sa maison. On n’est donc pas surpris de rencontrer souvent dans son iconographie des figures humaines tombants, des taureaux violents et des corps fragmentés.

Malgré une certaine reconnaissance – le Rockefeller Fellowship en 1968, une médaille d’or dans la première Triennale à Nouvelle Delhi et le Prix National du Festival de Peinture à Cagnes-sur-Mer, entre autres -, il a pendant longtemps connu des difficultés pour vendre ses tableaux.  

Mais cette situation a bien changé au cours des dernières années. En 2002, il a même battu le record des enchères pour un artiste indien : un collectionneur d’art japonais a acheté chez Christie’s son tryptique « Celebration » pour 317 500 dollars et c’est à la suite de ce record que le marché de l’art indien a commencé à s’intéresser à l’Inde. En 2005, son tableau « Mahisasura » a été la première oeuvre d’un artiste indien à dépasser le million de dollars, ayant été adjugée  1,58 million de dollars et l’année dernière le prix d’une de ses oeuvres a atteint 2 millions de dollars.