« Avec cette exposition, le château revit ! », confie un gardien apparemment conquis par la proposition de la commissaire Joanna De Vos.
« Depuis dix ans, le château ouvre ses portes à l’art contemporain afin de ne pas rester figé dans le passé », souligne son directeur. Cette fois-ci, l’exposition « L’artiste/Chevalier » entre en parfaite résonance avec le lieu. Les premières pierres du château furent posées au XIIIe siècle, avant de connaître diverses phases de (re)construction, dont une restauration au XIXe siècle dans l’esprit romantique de Viollet-le-Duc, qui réinventa le Moyen Âge. Poursuivant cette conquête imaginaire et se laissant inspirer par l’esprit des lieux, Joanna De Vos a choisi le thème du chevalier pour construire une exposition sur mesure, avec de grands noms de l’art contemporain mêlés à quelques modernes. Du hall d’entrée à la cuisine, en passant par les chambres et les espaces de réception, c’est tout le château qui se fait terre d’accueil d’artistes qui ont fait leur l’esprit de la chevalerie. La sélection est cohérente, bien que les quelques œuvres d’artistes modernes ajoutées ici et là soient un peu anecdotiques. Nous sommes accueillis par une vidéo de Marina Abramovic assise sur un cheval et brandissant un drapeau blanc en réaction aux guerres meurtrières d’ex-Yougoslavie. L’intervention filmée de Kubra Khademi dans les rues de Kaboul n’en est pas moins politique, de même que la performance de l’artiste grecque Eleni Mylonas, coiffée d’égouttoirs sur la tête, inspirée par le printemps arabe égyptien. Parfois, le combat est plus intérieur, comme dans la performance de Jan Fabre, qui s’est filmé déguisé en chevalier en train de se battre contre ses propres démons, dans le film de Meiro Koizumi montrant un samouraï qui, à force de directives du metteur en scène, se met à pleurer, ou encore dans les mystérieuses contorsions d’Oda Jaune. Jeu et flirt avec la mort : la pharmacie de Damien Hirst et le jeu d’échecs en porcelaine de Yoko Ono filent la métaphore. À noter enfin une découverte émouvante, celle du Roumain Horia Damian, décédé en 2012, qui n’a eu de cesse de se représenter en chevalier endormi, tel un gisant médiéval, et dont plusieurs œuvres ont été installées dans une tour à l’étage.
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L’artiste en mode chevaleresque
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°705 du 1 octobre 2017, avec le titre suivant : L’artiste en mode chevaleresque