Les expositions hors des circuits traditionnels, souvent réalisées avec peu de moyens, se sont multipliées ces trois dernières années. Les artistes sont ainsi invités à intervenir dans des appartements de particuliers ou à s’approprier de nouveaux champs, notamment l’Internet, sans pour autant que l’aspect commercial prime, crise oblige.
Lassés des circuits traditionnels galeries/centres d’art/musées, de nombreux commissaires d’expositions invitent aujourd’hui les artistes à sortir des schémas préétablis, qui d’ailleurs ne correspondent pas toujours à leurs démarches ni à leurs aspirations. Ces initiatives tentent au contraire de ramener l’art dans un cadre de vie "normal", hors des espaces aseptisés, blancs comme neige, que sont devenus les galeries et les musées. Les expositions en appartement ne sont pas une nouveauté, à l’image du travail mené par Ghislain Mollet-Vieville depuis de longues années. Mais après qu’une génération d’artistes s’est battue pour disposer d’outils adéquats, certains jeunes créateurs souhaitent au contraire réintégrer des lieux de vie.
Ce "déménagement" s’est imposé naturellement pour la vidéo. En effet, peu de musées ou de centres d’art proposent des espaces satisfaisants pour leur présentation, au contraire du contexte domestique, à l’exemple des "Thés Vidéos" organisés par Corinne Miret et Stéphane Olry. S’il est possible d’y acheter une œuvre, les ventes sont pourtant rares. Même constat pour Eriko Mori, qui organise des "Micro-expositions" dans son studio du Marais : "Je n’ai vendu que deux pièces en deux ans", précise-t-elle. Avec plus de moyens, Isabelle Suret présente de nombreux artistes dans de grands appartements vides, dans une logique plus affirmée de galerie. Pour sa part, Ève-Marie Chauvin, qui arrête "les Salons du troisième dimanche" – la présentation d’artistes dans son appartement –, organisera au printemps un jeu de piste dans Paris, tandis que Laurence Hazout invite pour quatre mois de jeunes créateurs dans un local prêté par le collectionneur Jean Chatelus, "en prenant le contre-pied d’une galerie. L’artiste est ici totalement libre de faire ce qu’il veut", souligne-t-elle.
Autre champ à explorer, l’Internet accueille aujourd’hui quelques galeries françaises, mais le réseau mondial n’a, pour l’instant, peu ou pas d’influence sur les ventes et se contente simplement d’être une vitrine appréciée.
- "Les Thés vidéos", rens. 01 42 77 16 62.
- Ève-Marie Chauvin, rens. 01 44 62 62 50.
- "Chez l’un, L’AUTRE", rens. 01 43 54 44 70.
- "Micro-exposition" chez Eriko Momotani, 16 rue des Archives, 75003 Paris, tél. 01 42 76 05 31.
- "Laurence Hazout expose Matthieu Laurette", 28 rue Rousselet, 75007 Paris, les 19, 20 et 21 avril.
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L’art dans ses appartements
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°34 du 1 mars 1997, avec le titre suivant : L’art dans ses appartements