L’effet boomerang ? C’est le nom qu’on donne, en psychologie sociale, à une tentative aboutissant à un effet inverse de celui escompté.
L’intitulé de l’exposition du Musée d’ethnographie de Genève consacrée aux arts aborigènes d’Australie donne ainsi le ton. Alors même que les colons du XVIIIe siècle avaient déclaré la terre australienne qu’ils habitaient « Terra nullius », « terre de personne », voici les Aborigènes comme redevenus maîtres de l’Australie, propulsés en pleine lumière dans les institutions internationales et sur le marché de l’art. De fait, ces autochtones sont parvenus à retrouver une existence politique en déployant une créativité sans précédent, tout au long de ce XXe siècle au long duquel les Néo-Australiens avaient cru pouvoir les acculturer en leur arrachant leurs enfants et en dénigrant leur création artistique. Et c’est cet élan vital contre l’extrême violence que met en lumière le parcours de l’exposition. Objets utilitaires et armes (boomerangs, lances ou boucliers), peintures sur écorce illustrant des récits mythologiques, arbres gravés sacrés, massivement abattus par les autorités, dialoguent avec les installations de l’artiste Brook Andrew, en résidence au Musée d’ethnographie de Genève pour l’exposition. Au fil du parcours, ces œuvres bousculent l’idée d’une culture figée et nous invitent à aborder l’histoire du point de vue des autochtones : les Aborigènes reprennent la parole sous nos yeux écarquillés, faisant taire anthropologues et chercheurs qui considéraient leur art comme primitif et archaïque, alors même qu’il n’a cessé d’évoluer dans ses formes et ses techniques. On ressort de cette exposition bouleversante avec un regard neuf, le cœur hésitant entre douleur et joie… et comme sonné par l’effet boomerang !
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L’art comme une arme
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°703 du 1 juillet 2017, avec le titre suivant : L’art comme une arme