L’actualité des galeries - octobre 2017

Par Aurélie Romanacce · L'ŒIL

Le 3 octobre 2017 - 2283 mots

À Paris, en régions et dans le monde,
les expositions à voir dans les galeries et chez les antiquaires.

Lionel Sabatté
Galerie Henri Chartier – Lyon (69)
Jusqu’au 4 novembre 2017
À l’occasion de la Biennale de Lyon, le galeriste Henri Chartier présente dans son nouvel espace une série inédite de dessins de Lionel Sabatté, qui a remporté le prix Drawing Now cette année. L’ensemble intitulé « Figures d’été » réunit une vingtaine de dessins de 30 sur 23 cm réalisés à partir de cheveux et de poussières (1 200 euros pièce). Un ensemble de sculptures composé de deux têtes (4 000 euros pièce) et d’un grand cygne (15 000 euros) complète l’exposition.
« Lionel Sabatté. Figures d’été », Galerie Henri Chartier, 3, rue Auguste-Comte, Lyon (69), www.henrichartier.com


Aurélie Romanacce
Aurélie Pétrel
Galerie Ceysson & Bénétière – Paris-4e
Jusqu’au 14 octobre 2017
Après sa confrontation avec la collection du Frac Centre-Val de Loire, Aurélie Pétrel, née en 1980 et diplômée de l’ENSBA de Lyon, se focalise sur les archives du Centre canadien d’architecture (CCA) pour produire une pensée architecturale qui part de la photographie pour tendre vers l’installation. Pour sa première exposition personnelle chez Ceysson & Bénétière, cette plasticienne, qui expérimente à tout-va, présente un ensemble de pièces mixtes (grandes installations in situ, impressions sur papier, bois et papier de soie) qui se jouent habilement de la confusion des médiums (dessin, peinture, sculpture, architecture) et de la topographie du lieu. La fourchette de prix des productions oscille entre 1 800 et 15 000 euros.
« Aurélie Pétrel, Cycle 2, figures photographiques », Ceysson & Bénétière, 23, rue du Renard, Paris-4e, www.ceyssonbenetiere.com

Vincent Delaury
Pierrick Naud
La Galerie particulière – Paris-3e
Jusqu’au 7 octobre 2017
Artiste de l’hybride, Pierrick Naud (né à Cholet en 1969) expose en ce moment à La Galerie particulière. Ses dessins « Sans titre » ne se laissent pas saisir aisément et il n’hésite pas à combiner des éléments hétérogènes entre eux : fragments d’animaux, d’humains et de végétaux. Mélangeur, cet artiste crée une œuvre métisse ouverte aux récits.
« Pierrick Naud », La Galerie particulière, 16, rue du Perche, Paris-3e, www.lagalerieparticuliere.com


Chris Cyrille
Melissa Dubbin et Aaron S. Davidson
Galerie Untilthen – Paris-10e
Jusqu’au 7 octobre 2017
Untilthen déménage ! La galerie ouverte il y a deux ans par Mélanie Meffrer Rondeau et Olivier Belot dans les puces de Saint-Ouen s’installe désormais dans le 10e arrondissement de Paris. « On ne voulait pas d’un white cube de 50 m2 dans le Marais », explique la codirectrice du lieu, qui souhaitait « continuer à se décentrer un peu ». D’une surface de 300 m2, sur deux étages, Untilthen accueille pour son inauguration une exposition de deux artistes américains, Melissa Dubbin et Aaron S. Davidson. Le duo, qui fut sélectionné en 2016 pour participer à la première résidence d’artistes Louvre-Lens fondée par François Pinault, présente un ensemble de vidéos, de photographies, de sculptures et de céramiques autour de la notion d’immatérialité. Le prix des œuvres varie entre 2 500 et 50 000 euros.
« Melissa Dubbin et Aaron S. Davidson. Six Degrees of Freedom », Galerie Untilthen, 41, boulevard de Magenta, Paris-10e, untilthen.fr


Aurélie Romanacce
Iris Levasseur
Galerie Odile Ouizeman – Paris-3e
Jusqu’au 28 octobre 2017
Comment donner à voir l’indicible ? Iris Levasseur, bouleversée par la violence des conflits en Syrie, a souhaité livrer une autre représentation de la guerre autour de la « mémoire collective et la vie », écrit-elle. Entre figuration et onirisme, les séries Vestiges, Souches, Au bon souvenir et Champs de batailles, composées de gravures (400 euros pièce), de dessins (entre 1 000 et 2 000 euros) et de peintures (18 000 euros pour la plus grande), témoignent du drame qui se joue à nos portes.
« Iris Levasseur. Comme si j’étais éternelle », Galerie Odile Ouizeman, 10-12, rue des Coutures-Saint-Gervais, Paris-3e, www.galerieouizeman.com

Aurélie Romanacce
Hélène Delprat
Galerie Christophe Gaillard – Paris-3e
Jusqu’au 21 octobre 2017
Alors que son exposition monographique à La Maison rouge a rencontré un vif succès, et en attendant sa prochaine expo en mars prochain au Musée des beaux-arts de Caen, l’espiègle Hélène Delprat revient avec une exposition personnelle, sa troisième, chez Christophe Gaillard. Artiste double (Actéon/Diane), cette plasticienne, mêlant malicieusement réel et fiction – il lui arrive d’orchestrer de fausses interviews ! –, expose sur 450 m2 (les deux espaces du site) une série d’œuvres variées (dessins, toiles, vidéo, caissons lumineux), dont certaines inédites, qui constituent une sorte d’inventaire grinçant et sensible d’un monde hésitant entre hasard et programmation. Prix entre 3 800 et 42 000 euros.
« Hélène Delprat », Galerie Christophe Gaillard, 5, rue Chapon, Paris-3e, www.galeriegaillard.com

Vincent Delaury
Marlon Wobst
Galerie Maria Lund – Paris-3e
Jusqu’au 31 octobre 2017
Pour son deuxième solo show chez Maria Lund, l’Allemand Marlon Wobst, né en 1980 à Wiesbaden, revient avec une quarantaine de peintures et de sculptures récentes donnant naissance à un univers joyeux mais acidulé, fait de chairs accumulées renvoyant à un narcissisme contemporain qui affiche, sur les réseaux sociaux et autres, une imagerie spectaculaire issue de notre esthétisante et asphyxiante culture ; le titre de la manifestation, « L’Oasi », étant le nom éponyme d’une plage – lieu par excellence de l’étalage des corps – en Italie que l’artiste a beaucoup fréquentée jeune. Les prix des pièces s’échelonnent de 800 à 10 000 euros.
« Marlon Wobst, L’Oasi », Galerie Maria Lund, 48, rue de Turenne, Paris-3e, www.marialund.com

Vincent Delaury
Ivan Messac
Galerie Le Garage – Orléans (45)
Jusqu’au 15 octobre 2017
Avec son deuxième solo show au Garage de Michel Dubois, le plasticien Ivan Messac, l’un des représentants emblématiques de la Figuration narrative, offre aux visiteurs une rétrospective consacrée aux multiples (sérigraphies, lithos, gravures, eaux-fortes, infographies, etc.), allant de 1969 à nos jours. Pas moins de soixante-trois œuvres sont exposées, dont certaines appartenant à des séries célèbres, telles Minorité absolue (1971) et Les Enfants polychromes (1972). Ces estampes hautes en couleur, que l’artiste estime être des créations à part entière, sont en vente à des prix volontairement accessibles, débutant autour de 100 euros.
« Ivan Messac, éditions limitées, (estampes 1969/2017) », Galerie Le Garage, 9, rue de Bourgogne, Orléans (45), www.galerielegarage.net

Vincent Delaury
Jules Pascin
Galeries Le Minotaure et Alain
le Gaillard – Paris-6e
Jusqu’au 28 octobre 2017
Les deux galeries parisiennes Le Minotaure et Alain Le Gaillard s’associent pour orchestrer une exposition autour du peintre bulgare de l’école de Paris Jules Pascin (1885-1930), surnommé aussi le « Juif errant » ou le « prince des trois monts » (Montparnasse, Montmartre, mont de Vénus). Une quarantaine de pièces significatives (huiles, encres, gouaches, dessins), couvrant toutes les périodes de son œuvre (de 1903 à 1930), reviennent sur la trajectoire fulgurante de cet artiste qui s’est donné la mort dans son atelier à Paris. Célébrant avec gourmandise l’amour, le couple, la sexualité débridée et l’esprit de fête (cabarets, ginguettes, lupanars, pique-niques…), c’est peu dire qu’on prend ici beaucoup de plaisir à contempler des pièces, certaines étant muséales, pour des prix allant de 2 000 à 400 000 euros. Un beau petit catalogue est édité pour l’occasion.
« L’Œil de Pascin », Galerie Le Minotaure (2, rue des Beaux-Arts, Paris-6e, galerieleminotaure.net) et Galerie Alain Le Gaillard (19, rue Mazarine, Paris-6e, www.alainlegaillard.com).

Vincent Delaury
André Marfaing
Galeries Berthet-Aittouarès
et Protée – Paris-6e
Jusqu’au 28 octobre 2017
Il y a trente ans, disparaissait André Marfaing (1925-1987), abstrait français d’après-guerre qui, comme Soulages, s’est centré sur le noir, « le moyen d’expression le plus naturel », disait l’artiste. En parallèle de ses deux expositions institutionnelles en cours aux Musées des beaux-arts de Carcassonne et de Quimper, deux galeries germanopratines, Berthet-Aittouarès et Protée, offrent au public une exposition commune réunissant essentiellement des huiles sur toile (une soixantaine) produites entre 1958 et 1984. Ces tableaux sombres et charbonneux, juste traversés par quelques éclairs, illustrent à merveille cette phrase signée Nabokov : « Notre existence n’est que la brève lumière d’une fente entre deux éternités de ténèbres. » Les prix des pièces, dont certaines indiscutablement de valeur muséale, varient entre 12 000 et 140 000 euros.
« André Marfaing », exposition dans deux galeries : Galerie Berthet-Aittouarès (14 et 29, rue de Seine, Paris-6e, www.galerie-ba.com) et Galerie Protée (38, rue de Seine, Paris-6e, www.galerieprotee.com).

Vincent Delaury
Collisions
Galerie Catherine Putman – Paris-4e
Jusqu’au 27 octobre 2017
La galerie parisienne Catherine Putman invite la commissaire Amélie Adamo pour une exposition. « Collisions », le titre de son accrochage, juxtapose une série importante de peintures et de collages, où de jeunes artistes mêlent leur travail avec d’autres, plus renommés, dont Max Ernst, Georg Baselitz, Pat Andrea, pour ne citer qu’eux. Divisée en trois parties (folie, fantasme et féerie), l’exposition déploie des assemblages qui recomposent et réinterprètent des motifs et des symboles disparates afin de leur insuffler une vie nouvelle. Ces détournements créent des collisions génératrices de sens. L’époque contemporaine voyant probablement dans le remix l’esprit de sa culture. « Collisions », Galerie Catherine Putman, 40, rue Quincampoix, Paris-4e, www.catherineputman.com

Chris Cyrille
Giorgio Morandi
Galerie Karsten Greve – Paris-3e
Jusqu’au 7 octobre 2017
Pour cette exposition « muséale » (aucune œuvre n’est à vendre), la galerie Karsten Greve réunit un ensemble de cinquante œuvres de Giorgio Morandi (1890-1964), toutes issues de prêts de collections privées. Exceptionnelle par son ampleur – le peintre a peu produit pendant son existence –, l’exposition présente trente-huit natures mortes et quinze paysages autour de peintures, dessins, aquarelles et gravures réalisés par l’artiste entre 1927 et 1963.
« Giorgio Morandi », Galerie Karsten Greve, 5, rue Debelleyme, Paris-3e, www.galerie-karsten-greve.com

Aurélie Romanacce
Takis
Galerie Xippas – Paris-3e
Jusqu’au 19 octobre 2017
Pour son quatrième solo show chez Xippas, le célèbre Takis (né en 1925 à Athènes) présente une dizaine d’œuvres emblématiques de sa carrière, tels que les Murs magnétiques et un Musical, formant un ensemble vibratoire festif. Concernant ses machines attractives, combinant clignotants, tiges de fer, électroaimants et moteurs, cet artiste généreux, qui a le souci de rendre son art accessible à tous, précise : « L’aimant et la force d’attraction de l’amour, c’est la même chose. Lorsque tu embrasses ton enfant ou que tu serres ton enfant très fort contre toi, c’est le même type de phénomène qui est en question. Tu fais corps avec l’autre, tu deviens une boule, tu es enveloppé et tu enveloppes l’autre dans ton énergie. »
« Takis, Black and White, The Fourth Dimension », Galerie Xippas, 108, rue Vieille-du-Temple, Paris-3e, www.xippas.com

Vincent Delaury
George Segal
Galerie Daniel Templon – Paris-3e
Jusqu’au 29 octobre 2017
Sculpteur américain célèbre pour ses statues en plâtre, George Segal (1924-2000) n’avait pas connu de rétrospective en France depuis vingt ans. La Galerie Daniel Templon présente un ensemble de pièces majeures des années 1970 (The Dancers, The Couple), des « tableaux vivants » des années 1980, des fragments de corps évoquant des bas-reliefs érotiques (Hand Fragment #2 pour 55 000 dollars) ainsi qu’une grande installation de 1997 Bus Passengers (1 500 000 dollars), saisissante par la présence de ses personnages.
« George Segal », Galerie Daniel Templon, 30, rue Beaubourg, Paris-3e, www.templon.com

Aurélie Romanacce
Antoni Tàpies
Galerie Lelong & Co – Paris-8e
Jusqu’au 7 octobre 2017
Immense peintre et sculpteur espagnol, Antoni Tàpies fait l’objet d’une exposition à la Galerie Lelong & Co. L’accrochage présente une trentaine de dessins inédits rassemblés avec le soutien de la famille Tàpies. Cette exposition permet de mesurer l’importance de ce matiériste qui s’évertua à « présenter » plutôt qu’à représenter. S’éloignant de la mimêsis, Tàpies artiste continue d’inspirer la création contemporaine. « Antoni Tàpies », Galerie Lelong & Co, 13, rue de Téhéran, Paris-8e, www.galerie-lelong.com

Chris Cyrille
Déjeuner sur l’herbe
Galerie Thaddaeus Ropac – Pantin (93)
Jusqu’au 11 octobre 2017
Avec « Déjeuner sur l’herbe », Thaddaeus Ropac présente une exposition collective réunissant vingt-cinq artistes de sa galerie, centrés sur les notions de paysage, genre ouvert au saisissement du temps présent, d’abandon et d’oisiveté. Regroupant aussi bien des stars (Baselitz, Barceló, Katz, Kiefer, Long, Salle, Sturtevant, etc.) que de jeunes artistes prometteurs ou établis (Balincourt, Banisadr, Ghenie, Richter, etc.), cette exposition collégiale, parfaitement en osmose avec le cadre idyllique du lieu – les grands espaces pantinois de Ropac donnent sur des jardins –, est assurément à ne pas manquer.
« Déjeuner sur l’herbe », Galerie Thaddaeus Ropac, 69, avenue du Général-Leclerc, Pantin (93), ropac.net

Vincent Delaury
Gugging !
Galerie Christian Berst – Paris-3e
Jusqu’au 14 octobre 2017
Attention, expo culte ! Lieu mythique de création d’Art brut depuis 1981, « La maison des artistes » de l’hôpital psychiatrique de Gugging, près de Vienne, est réputée pour abriter les plus grands artistes du genre. Aujourd’hui, la Galerie Christian Berst présente les œuvres de neuf de ces créateurs hors norme dont les dessins emblématiques d’August Walla (1936-2001) entre 5 000 et 7 000 euros, d’Oswald Tschirtner (1920-2007) de 6 500 à 17 000 euros ou de Johann Fischer (1919-2008) de 4 900 à 19 000 euros.
« Gugging ! The Crazed in the Hot Zone », Galerie Christian Berst, 3-5, passage des Gravilliers, Paris-3e, www.christianberst.com

Aurélie Romanacce
Philippe Druillet
Galerie Barbier & Mathon – Paris-9e
Jusqu’au 21 octobre 2017
Pour sa grande exposition de rentrée, la Galerie Barbier & Mathon choisit d’honorer un grand maître de la bande dessinée moderne française : Philippe Druillet (né en 1944, à Toulouse). Cet auteur unique, créateur d’un univers baroque explosif qui inspira aussi bien le génial Moebius que George Lucas pour sa conception graphique de Star Wars, dévoile une cinquantaine de dessins inédits à la mine de plomb reprenant toute sa symbolique, des hommages à Lovecraft, à l’univers des Touareg et de Nosferatu, ou à son personnage, Lone Sloane. « Philippe Druillet, Explorations », Galerie Barbier & Mathon, 10, rue Choron, Paris-9e, www.barbiermathon.com

Vincent Delaury
 

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°705 du 1 octobre 2017, avec le titre suivant : L’actualité des galeries - octobre 2017

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