La vie aquatique

Dès l’entrée du phare, conçu par les architectes Xavier Fabre et Aldo Rossi pour surplomber le bâtiment d’exposition, le visiteur est plongé dans le bain. Les artistes et ethnologues Lucien Castaing-Taylor et Verena Paravel filment en caméra embarquée la traversée mouvementée et violente de matelots à bord d’un chalutier. Entre mal de mer et sang versé, l’œuvre tournée sur la côte est des États-Unis et intitulée Leviathan rend hommage au Moby Dick d’Herman Melville. Entre documentaire et fiction, dénonciation écologique et expérimentation poétique, l’exposition alterne une pluralité de points de vue féconds pour appréhender la relation de l’homme à la nature. Le premier volet de ces « Mondes aquatiques » – le second aura lieu au Frac Aquitaine dès la fin du mois de juin 2017 –, renferme notamment une œuvre déroutante et humoristique de Mathieu Mercier et son aquarium désespérément vide, une estampe saisissante de Tetsumi Kudo, Fossil in Hiroshima, qui fait douloureusement écho à la catastrophe de Fukushima, ou encore des sculptures en céramique de Caroline Achaintre, dont la plasticité évoque la fluidité de l’eau et ses infinies métamorphoses. Le parcours s’achève sur une vidéo passionnante de Suzanne Husky commandée spécifiquement pour l’exposition. L’artiste filme des sirènes professionnelles, véritables phénomènes d’attraction dans les bars aux États-Unis, en alternant images de catastrophes écologiques et naïades aux cheveux longs. Ou comment la société du spectacle peut se transformer en symbole militant.