Avec Guernica, Picasso a montré au monde comment l’art pouvait être une forme de résistance.
Il n’est pas le seul : lors de l’Exposition internationale de 1937, Frans Masereel (1889-1972), graveur et peintre belge, présente lui aussi deux grandes compositions réalisées pour les pavillons de la Belgique et de la Paix : La Famille en lecture et L’Enterrement de la guerre. La première ouvre l’exposition que le Mu.ZEE consacre actuellement à l’artiste, l’un des plus puissants illustrateurs du XXe siècle. Le tableau représente un couple avec leur fille lisant dans un champ de fleurs devant la mer et une ville industrielle ; une scène bucolique étrangement sereine alors que la guerre gronde en Europe, trop sereine même pour ne pas être un manifeste pour la paix ! Car Masereel est un idéaliste qui, à Paris en 1914, refuse d’aller se battre. Un croquis préparatoire de L’Enterrement de la guerre, fresque de sept mètres, montre ce qu’il pense de la guerre : un vieux tas de ferraille mi-homme mi-tank gisant dans un cercueil porté par une foule en liesse. La guerre, les inégalités sociales et entre les sexes, le colonialisme sont les chevaux de bataille de cet humaniste qui peint, dessine à l’encre ou grave sur le bois des compositions en noir qui n’ont d’égales que celles de Vallotton – et dans un style expressif qui annonce certaines voies de la bande dessinée. L’humour – noir – en prime ! En 1956, Masereel dessine les habitants d’une ville abattus par les bombes près d’une corbeille affichant cet avertissement : « Ne jetez rien à terre, merci » (Civilisation). Les organisateurs de l’exposition ont cru bon devoir ajouter quelques artistes contemporains à côté de Masereel : William Kentridge, Glenn Ligon ou Anton Kannemeyer. Ces derniers ne parviennent malheureusement pas à faire la démonstration de « l’engagement social des artistes » en général, mais ils chargent le regard porté sur l’illustrateur d’une actualité qui rend ses combats et ses œuvres encore plus puissants.
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La passion humaine selon Masereel
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°703 du 1 juillet 2017, avec le titre suivant : La passion humaine selon Masereel