Espagne

La Mapfre mise sur la photo

Par Alain Quemin · lejournaldesarts.fr

Le 12 mars 2013 - 515 mots

Dans un contexte économique national tendu, la Fondation Mapfre développe sa collection de photographies contemporaines.

MADRID - Lors de la récente édition en février de la foire d’art contemporain de Madrid, l’Arco, le prestigieux musée national Reina-Sofía, qui couvre le XXe siècle jusqu’à aujourd’hui, disposait d’un budget d’acquisition de 300 000 euros. La Fondation Mapfre, « simple » fondation privée dont les achats se limitent aux œuvres sur papier, principalement à la photographie (dont les prix moyens sont inférieurs à d’autres médiums tels que la peinture, la sculpture ou l’installation), disposait, elle, de… 500 000 euros. C’est dire tout le poids, en Espagne, de cette fondation créée en 1975.
Comme d’autres sociétés du secteur bancaire et assurantiel telles que la banque BBVA ou le réseau des caisses d’épargne espagnoles (« La Caixa »), la Mapfre, première société d’assurances du pays possède sa propre fondation. Celle-ci dispose de 50 millions d’euros de budget dont 36 % sont consacrés aux arts et à la culture. Si le marasme de l’économie espagnole affecte le secteur des assurances comme les autres, il est compensé par le fort développement de ses activités à l’étranger, et notamment en Amérique du Sud. Le Brésil est ainsi une zone qui connaît, à l’inverse, un grand dynamisme économique et où la Mapfre est également numéro un.

900 m2 pour la photo
Comblant un manque dans les institutions espagnoles, la collection de dessins et de photographies de la Mapfre couvre la période de 1950 à nos jours ; elle a été centrée sur l’Espagne avant de s’ouvrir aux autres pays. Cette belle collection amorcée voilà cinq ans compte déjà un millier d’œuvres. Parmi  les artistes les plus célèbres qui y sont représentés figurent Paul Strand, Graciela Iturbide, Walker Evans, Harry Callahan, Joan Colom, Lee Friedlander, Garry Winogrand, Fazal Sheikh, Robert Adams, Lisette Model ou encore Nicholas Nixon avec la série emblématique des Sœurs Brown. Tous les ans, une photo vient immortaliser l’inéluctable vieillissement de l’épouse de l’artiste et des trois sœurs de celle-ci.
Un centre d’exposition de photographies actuellement situé au nord de Madrid va prochainement déménager pour rejoindre le quartier des musées et occupera un espace de 900 m2 en face de la Bibliothèque nationale.

Mais la Fondation Mapfre développe aussi, depuis 1989, une importante activité d’organisation d’expositions, d’abord tournées vers l’art espagnol, puis de plus en plus vers la création internationale. Les liens avec les musées français, notamment Orsay, apparaissent solides. En effet, l’activité de la fondation est souvent guidée par le souci de pallier les carences de l’offre culturelle. Puisqu’il n’existe pas, à Madrid, de musée spécialisé dans la même période que le Musée d’Orsay, il a semblé utile de présenter régulièrement des œuvres issues de ces grandes collections françaises. En période d’économies touchant les institutions publiques, l’apport de la fondation Mapfre apparaît particulièrement bienvenu.

Impressionnistes et post-impressionnistes. Œuvres du Musée d’Orsay ; Lumières de Bohème

jusqu’au 5 mai, Sala Recoletos, paseo de Recoletos 23, Madrid, lun. 14h-20h, mar.-sam. 10h-20h, dim. et jf 12h-20h.

Manuel �?lvarez Bravo

jusqu’au 19 mai, Sala Azca, avda General Perón 40, Madrid, lun. 14h-21h, mar.-sam. 10h-21h, dim. et jf 12h-20h, www.fundacionmapfre.org

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