JEUNE CRÉATION

La jeune création en surplomb

Par Anne-Cécile Sanchez · Le Journal des Arts

Le 2 octobre 2024 - 581 mots

16 galeries émergentes sont rassemblées sur les balcons au-dessus de la nef.
Paris. Le secteur Émergence prend place à l’étage sur les balcons du Grand Palais. Il regroupe 16 stands avec pour principe la présentation en solo d’un artiste en début de carrière. Deux galeries étaient déjà sélectionnées dans l’édition précédente, Fanta-MLN (Milan) et PM8 / Francisco Salas (Vigo, Espagne). Le programme de Fanta-MLN se concentre sur les artistes émergents italiens et internationaux. Son projet pour Art Basel Paris, « Entertain Yourself » de Gina Folly, consiste en une série de sculptures réalisées à partir de fleurs figées par la glycérine, présentées dans des boîtes en carton laqué. Chaque composition s’accompagne d’une phrase courte issue d’un horoscope, donnant leurs titres aux sculptures, par exemple : « You don’t know how powerful you are » (prix entre 5 000 and 12 000 €).

Les autres galeries participent pour la première fois à Art Basel Paris. Parmi celles-ci, la parisienne Exo Exo, créée en 2013 à Belleville par Antoine Donzeaud et Elisa Rigoulet, met en avant l’artiste française Lou Fauroux, avec une installation vidéo circulaire, Keeping up without the plug. Placé au centre d’un carrousel de neuf écrans, on suit une narration à l’esthétique de jeu vidéo qui se déroule dans un « centre de désintoxication d’Internet créé par la famille Kardashian ». Des sculptures murales en résine, métal et impressions 3D, prolongent ce récit d’anticipation pop tout en spéculant sur la fin de la vie numérique (sculptures entre 3 000 et 5 000 €, installation vidéo entre 30 000 et 40 000 €). Fondée à New York en 2014, Catinca Tabacaru Gallery a déménagé en 2020 à Bucarest, sa ville d’origine. Sa présentation solo est dédiée à l’artiste surinamais Xavier Robles de Medina (entre 15 000 et 35 000 €). Après dix ans d’activités non commerciales, Piktogram (Varsovie) se positionne depuis 2015 en tant que galerie. Elle montrera une seule œuvre : un ensemble monumental inédit de six panneaux du peintre Jan Eustachy Wolski (100 000 €).

Depuis sa création en 2018, Martina Simeti collabore avec des artistes émergents. Elle présente ici le travail de Jasmine Gregory – auquel le Musée d’art contemporain de Bordeaux a récemment consacré une exposition (voir ill.). Cette nouvelle installation est composée d’un ensemble de grandes toiles recouvertes à la façon d’un filtre d’une plaque de plexiglas semi-transparente de teinte foncée. Une lumière rouge émane d’un ensemble de vitrines placées devant ces peintures, évoquant un univers commercial ou clinique. Également projeté cette année au CAPC à Bordeaux, le film Masters (2023) de Shaun Motsi est ici mis en scène par la galerie Christian Andersen (Copenhague), derrière un mur recouvert d’un lourd rideau de velours. Pour le stand de Sophie Tappeiner, galerie basée à Vienne depuis 2017, Sophie Thun recrée l’environnement de son atelier en tapissant les murs de panneaux métalliques. Sur de grands tirages analogiques en noir et blanc, fixés à l’aide d’aimants, se superposent des œuvres encadrées plus petites, juxtaposition formelle de différents processus de production d’images. What Pipeline (Detroit), fondée en 2013 par Daniel Sperry et Alivia Zivich, est une galerie gérée par des artistes. Elle montre un alphabet textile et des sculptures-vêtements de Bruno Zhu. Les galeries Petrine (Paris), Whatiftheworld (Le Cap), Kayokoyuki (Tokyo), Lars Friedrich (Berlin), Madragoa (Lisbonne), Roh Project (Djakarta) et VI,VII (Oslo) sont elles aussi en lice pour le prix attribué par Lafayette Anticipations - Fondation Galeries Lafayette, qui récompense chaque année un artiste de ce secteur en produisant une œuvre présentée à la Fondation l’année suivante.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°640 du 4 octobre 2024, avec le titre suivant : La jeune création en surplomb

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