La Documenta et les touristes influent sur la fréquentation dans les musées en Allemagne

Au moment où les musées français livrent leurs statistiques 2014, l’Institut de recherche muséale des musées étatiques de Berlin publie comme chaque année des statistiques exhaustives concernant… l’année 2013. L’étude de 105 pages compile les données de 75 à 80 % des 6 358 musées allemands, qui ont fourni des données à la demande de l’institut de recherche.

Les musées allemands ont reçu, en 2013, 110,5 millions de visites, soit un recul de 2,1 % par rapport à 2012. Malgré cette légère baisse de fréquentation, 2013 représente la deuxième meilleure année depuis la mise en place des statistiques en 1981. L’évolution du nombre de visites diffère selon les types de musée : les musées techniques ( 1,7 %) et les musées historiques et archéologiques ( 5,4 %) ont vu leur fréquentation s’améliorer.

A contrario, les musées d’histoire naturelle (- 8,5 %) et les musées d’art (- 5,2 %) voient leur nombre de visiteurs s’émousser. La baisse de fréquentation des musées d’art s’explique en partie par un nombre record en 2012 dû à « l’effet Documenta », qui par répercussion avait attiré le public dans les musées d’art. Un recul similaire s’était opéré en 2008, l’année suivant la Documenta 12. Le Land de Hesse, qui abrite la Documenta de Cassel, a ainsi connu une baisse de fréquentation de 19,5 % en 2013.

Le principal facteur affectant l’attrait du public concerne le nombre et l’importance des expositions temporaires. Ainsi, plus de la moitié des musées qui ont vu leur public s’accroître en 2013 le justifie par la réalisation d’expositions temporaires d’envergure ou d’événements spécifiques. Les musées font également partie intégrante de leur environnement et bénéficient par exemple des festivités organisées dans leur ville ou leur région. Le Land de Hambourg se prévaut d’une hausse de fréquentation de 20,5 %, attribuée à une augmentation du tourisme dans la ville de la Hanse. Dans l’ensemble de l’Allemagne, un grand nombre de musées est en mesure de distinguer parmi leurs visiteurs entre les résidents et les touristes. 40 % de ceux-ci déclarent être principalement visités par des touristes.

31 % des musées attribuent une hausse de leur fréquentation à l’augmentation de leur offre de médiation culturelle et pédagogique. La modification des horaires d’ouverture impacte également la fréquentation des musées. Parmi les principales justifications de baisse du nombre de visites figurent les fermetures ou difficultés d’accès pour travaux, la baisse du budget des musées concernés, ou bien encore les conditions climatiques. A titre d’exemple, le Land de Saxe-Anhalt (- 10,6 % de visiteurs) a été particulièrement touché par les inondations.

Le président de l’Association des musées allemands, Eckart Köhne, se félicite de l’attrait non démenti: « [Les musées allemands] se sont établis comme lieu de formation culturelle et se situent au cœur des débats sociétaux ». Hermann Parzinger, le président de la Fondation du Patrimoine culturel de Prusse, qui chapote les musées étatiques de Berlin et l’Institut de recherche muséale confirme en déclarant que les musées sont des lieux de connaissance et d’expérimentation. « C’est d’une importance essentielle pour une société libérale et ouverte au monde. La forte demande du public le montre clairement », ajoute-t-il.

L’étude recueille également les données d’espaces d’expositions qui n’ont ni collection propre ni vocation commerciale, excluant cependant les galeries d’art commerciales. Ces espaces accusent quant à eux une baisse plus importante que les musées : ils ont attiré 5,3 millions de visites en 2013 contre 6,6 millions en 2012, soit une baisse de 19,5 %. Le nombre d’expositions temporaires est pourtant resté stable par rapport à 2012, avec près de 1 900 expositions réalisées par quelques 350 institutions.

Chaque année, l’institut de recherche muséale se penche sur une problématique particulière. Cette année, l’étude analyse la présence sur Internet des musées allemands. Seulement 6 % des musées allemands déclarent ne pas avoir de présence sur Internet, contre plus de 20 % en 2001. 63 % des musées interrogés disposent de leur propre site, le reste étant hébergé sur des sites tiers (par exemple sur des sites touristiques, ou bien ceux de la ville ou du Land). 66 % des musées n’offrent un contenu qu’en langue allemande. Pour le reste des musées, la langue étrangère la plus proposée est sans surprise l’anglais (90 %). Mais la deuxième langue la plus représentée est le français (21 %).