Jean-Paul Marcheschi - Artiste

La formule était bien trouvée pour désigner celui qui jette le matin sur le papier ses rêves et ses pensées triviales et qui, l’après-midi, peint avec le feu et la suie, l’écriture et la peinture allant systématiquement recouvrir des feuilles perforées de même format (21 x 29,7 cm) depuis près de quarante ans pour former une œuvre proprement vertigineuse. Vertigineuse par le nombre – des milliers de feuillets – et par ses thèmes dantesques : l’enfer, le paradis… Vertigineuse, aussi, par sa structure presque oulipienne en de grands ensembles qui défient la mort, dont les Onze mille visages de l’humanité et les Onze mille nuits, deux cycles hommages à Apollinaire qui rappellent que si Marcheschi n’est pas un peintre littéraire, il est un fin lecteur. Ce n’est d’ailleurs pas par hasard si, en juillet 1981, le peintre choisit de rassembler le meilleur de sa production dans des Livres rouges, soit 250 reliures de plus de cent pages, dont la couverture en toile rouge évoque le Don Quichotte ou la Divine Comédie de son enfance. « Avec les Livres rouges, je me suis offert un palais où ce qui me plairait serait accueilli », raconte l’artiste qui a rempli, aujourd’hui, un peu plus de la moitié de son « palais », soit 130 Livres d’une œuvre rodinienne par trop éclipsée par la nuit. Un palais en forme de jugement dernier dont les éditions Art3-Plessis entreprennent une édition portfolio en fac-similé, comme une porte ouverte sur un œuvre inclassable.