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La « tour Médicis » prend racine

Par Sophie Flouquet · Le Journal des Arts

Le 14 février 2012 - 552 mots

Annoncé d’abord timidement par le ministre, le projet d’une « Villa Médicis » alternative en banlieue se concrétise.

CLICHY-MONTFERMEIL - C’est un symbole de la désolation urbaine telle qu’elle existe dans une grande partie de la région parisienne. Une tour de bureaux construite en 1976 par Jean Sebag et aujourd’hui abandonnée, portant encore à son pied les stigmates de la greffe avortée d’une « maison des services publics ». Autour, des immeubles dégradés, qui ont fait la triste réputation de ce quartier au nom bucolique « des Bosquets », avec ses rues dédiées à Utrillo, Cézanne ou Derain. Soit autant de logements paupérisés au fil des années, détenus par des propriétaires venus chercher là la promesse d’une qualité de vie, à 15 km de Paris et en bordure de la forêt de Bondy, qualité de vie qui n’aura jamais été au rendez-vous. La faute, notamment, à la médiocrité de la desserte des transports en commun : il faut plus d’une heure pour rallier le centre de la capitale. Depuis, le quartier, situé à la lisière entre Montfermeil et Clichy-sous-Bois (Seine-Saint-Denis), est pourtant devenu un autre symbole, celui de la politique menée par l’Agence nationale de rénovation urbaine (Anru). Celle-ci y investit 600 millions d’euros pour détruire et reconstruire, à terme, 4 000 logements neufs qui seront desservis par le tramway (en 2018) et le métro automatique de la future boucle du Grand Paris (en 2020).

Une autre image du territoire
Qu’est donc venu faire le ministère de la Culture dans cette galère ? Fin décembre 2011, l’acte d’achat de la tour de bureaux a été officialisé. L’État, via la Rue de Valois, est donc devenu le propriétaire de cet immeuble désaffecté racheté avant démolition. Avec l’objectif d’en faire un modèle : celui d’une « Villa Médicis » en banlieue. Retour en arrière. En 2005, la misère sociale de Clichy-Montfermeil est brutalement surexposée dans les médias quand éclatent les émeutes urbaines. Un journaliste, Jérôme Bouvier, aujourd’hui médiateur de Radio-France, prévient Claude Dilain, alors maire de Clichy : « Tu en prends pour vingt ans en termes d’image pour ta ville ! » Suivra une opération consistant à faire venir photographes et écrivains pour donner une autre image du territoire, point de départ de ce projet fou. Jérôme Bouvier parviendra ensuite à convaincre le ministre de la Culture qu’il est le seul à pouvoir faire quelque chose. Après le flop de son programme revendiquant une « culture pour tous », l’ancien directeur de la Villa Médicis n’y sera pas insensible.

Le 2 février, par un froid glacial et en présence des élus locaux, Frédéric Mitterrand a donc présenté sur place l’avancée du projet, désormais transmis à deux chargés de mission du ministère, Jérôme Bouët et Yvane Chapuis. Les 8 000 mètres carrés de cette double tour de 7 étages pour l’une et 13 pour l’autre accueilleront bien des artistes en résidence. Mais la tour sera aussi un lieu de formation, par la présence d’une classe préparatoire aux enseignements artistiques et d’une école de la seconde chance. Une programmation culturelle y sera également proposée. L’idée est ambitieuse et coûtera plus de 20 millions d’euros. Une association sera bientôt mise sur pied pour en penser plus précisément la préfiguration, en préparer le concours d’architecture et piloter une première grande commande publique. Ouverture prévue, au mieux, en 2016.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°363 du 17 février 2012, avec le titre suivant : La « tour Médicis » prend racine

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