Le choix de Maryvonne de Saint-Pulgent pour diriger le nouvel établissement vise à crédibiliser un projet contesté et à l’avenir incertain.
PARIS - Le 22 décembre 2011, le portefeuille du ministère de la Culture et de la communication s’est étoffé d’un nouvel établissement public. Contre vents et marées mais conformément au calendrier annoncé, les statuts de la Maison de l’histoire de France (MHF) ont été validés par le Conseil d’État et publiés au Journal Officiel. Alors que, lors de la discussion budgétaire de fin d’année, plusieurs députés s’étaient érigés contre le coût d’un projet contesté depuis l’origine par de nombreux historiens pour son caractère trop politisé, la MHF a vu officiellement le jour le 1er janvier 2012. Son responsable a été nommé dans la foulée, en la personne de Maryvonne Chamboduc de Saint-Pulgent. Ce choix inattendu – venu démentir la rumeur de la nomination de Camille Pascal, l’une des plumes du président de la République – porte sur un fidèle serviteur du ministère de la Culture. Énergique directrice du patrimoine, nommée par Jacques Toubon, de 1993 à 1997, dernièrement présidente du Comité d’histoire du ministère de la Culture et du conseil d’administration de l’Opéra-comique, Maryvonne de Saint-Pulgent est une figure de l’administration culturelle, ancrée à droite et attachée au rôle de la rue de Valois, dans une veine malrucienne. Disgraciée lors de la cohabitation et restée à l’écart des grands dossiers culturels malgré le retour de la droite au pouvoir, cette énarque est donc remise en selle à 60 ans par Frédéric Mitterrand, qui signe là son souhait de faire prendre un nouveau virage à une institution décriée. Les incertitudes pesant sur le sort de ce projet estampillé « premier quinquennat de Nicolas Sarkozy » n’auront toutefois pas provoqué de bousculade de candidats, cela alors que le mercato préélectoral des grands commis du ministère a déjà démarré. Jean-François Hébert, président de l’association de préfiguration et actif zélateur du projet depuis son origine, aurait, selon ses dires, préféré se concentrer sur le château de Fontainebleau qu’il préside depuis 2009.
Car même doté d’une structure juridique et d’un budget pour 2012 – 10 millions d’euros en crédits de paiement et 30 millions d’euros en autorisations d’engagements –, il reste encore beaucoup à faire pour donner du sens à cette nouvelle institution. Alors que cet épineux projet scientifique manque encore de clarté, son implantation physique au sein du quadrilatère de Rohan-Soubise, siège historique des Archives Nationales fait l’objet de rudes tractations. Cela pour un coût global non négligeable, estimé par Jean-François Hébert dans un rapport de septembre 2010 à 179,5 millions d’euros toutes dépenses confondues. Une somme qui sera difficile à défendre dans un contexte budgétaire tendu, à moins d’être révisée à la baisse. Enfin, la place de la MHF au sein de la constellation des institutions culturelles reste encore à clarifier, que ce soit vis-à-vis des Archives nationales, hôte non consentant du projet, mais aussi de plusieurs musées nationaux (Écouen, Compiègne, Pau…) que quelques hauts fonctionnaires auraient souhaité faire passer sous la coupe de l’établissement public. Ce projet semble toutefois balayé par les statuts de la MHF, qui précisent que l’établissement « favorise la constitution et le développement de réseaux nationaux d’institutions publiques et privées intervenant dans le domaine de l’histoire », excluant de fait toute idée de tutelle. En reprenant la charge de l’épais dossier de la MHF, Maryvonne de Saint-Pulgent accepte donc de relever un défi : crédibiliser très rapidement une institution plus que jamais sous la menace d’une remise en cause à l’issue des prochaines élections présidentielles.
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Nouveau casting pour la MHF
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°360 du 6 janvier 2012, avec le titre suivant : Nouveau casting pour la MHF