Organisée le 3 avril par Sotheby’s, à Hongkong, la dispersion d’une centaine de pièces d’art contemporain chinois de la collection Ullens a tenu toutes ses promesses. Avec un produit final de plus de 38 millions d’euros, la vente a triplé son estimation haute. Parmi les records, un triptyque de Zhang Xiaogang s’est envolé à 7,2 millions d’euros, hissant le Chinois parmi les artistes vivants les plus chers au monde.
HONGKONG - Le 3 avril à Hongkong, chez Sotheby’s, une vente d’art contemporain chinois a posé un nouveau jalon sur le marché de l’art international. La collection du baron belge Guy Ullens a totalisé 427,2 millions de Hongkong dollars (38,7 millions d’euros), soit trois fois l’estimation haute, avec 100 % des lots vendus. Lot phare de la vacation, le triptyque Forever Lasting Love (1988) de Zhang Xiaogang, estimé au mieux 30 millions de Hongkong dollars, a été emporté pour 79 millions de Hongkong dollars (7,2 millions d’euros ou 10,2 millions de dollars) par un acheteur anonyme, qui pourrait être la collectionneuse shanghaïenne Wang Wei pour son musée privé qui doit ouvrir en 2012. Cette enchère constitue un record mondial pour l’artiste et pour une œuvre d’art contemporain chinois. C’est aussi la plus haute enchère jamais atteinte à Hongkong en fine art (1). À 10,2 millions de dollars, ce triptyque place désormais Zhang Xiaogang parmi les artistes vivants les plus chers du monde en ventes publiques, à côté de Peter Doig, Lucian Freud, Damien Hirst, Jeff Koons, Jasper Johns, Murakami et Gerhard Richter, soit le cercle de ceux ayant dépassé la barre des 10 millions de dollars aux enchères (1).
Le record précédent pour une œuvre d’art contemporain chinois revenait à un grand tableau de 1996 par Zeng Fanzhi, issu de la série des Mask, vendu 75,3 millions de Hongkong dollars (6,1 millions d’euros), le 24 mai 2008 à Hongkong, chez Christie’s. Deux autres tableaux de cette même série, datés de 1994, étaient offerts dans la vente Ullens. Tous deux ont été adjugés au double de leur estimation, à 17,4 et 16,9 millions de Hongkong dollars (1,6 et 1,5 million d’euros) au profit d’un amateur chinois et de la galerie new-yorkaise Acquavella. Le triptyque de Zhang Xiaogang avait fait partie de l’exposition historique « China, avant-garde » au Musée national de Chine, à Pékin en 1989. Quelques autres œuvres de cette exposition figuraient dans la vente. Une référence qui leur a apporté une belle plus-value à la revente. Ainsi la toile Series « X? » No. 3 (1986) de Zhang Peili (est. 1,5 million de Hongkong dollars) est-elle partie à 23 millions de Hongkong dollars (2,1 millions d’euros), un record pour l’artiste et le troisième prix de la vente.<br />
Le retour des occidentaux
Au total, treize records individuels pour des artistes chinois ont été enregistrés, notamment pour Wang Guangyi avec Mao Zedong : P2 (1988) (est. 1,5 million de Hongkong dollars), tableau acheté par un collectionneur américain pour 19,1 millions de Hongkong dollars (1,7 million d’euros), ainsi que pour Yu Youhan avec la toile abstraite 1985-4 (1985, est. 400 000 Hongkong dollars), vendue 14,1 millions de Hongkong dollars (1,3 million d’euros) à un collectionneur chinois. « L’abstraction du Shanghaien Yu Youhan est remarquable car, fondamentalement basée sur le taoïsme, elle revêt pour l’histoire de l’art chinois une importance comparable à celle de Mondrian pour l’histoire de l’art occidentale. Les prix pour ce type d’œuvres devraient continuer à s’envoler, commente Jean-Marc Decrop, spécialiste d’art contemporain chinois. Ces résultats marquent une étape décisive dans l’ascension du marché de l’art chinois contemporain. Cette vente montrait le côté pionnier de Guy Ullens, son sens visionnaire, son œil avisé et son bon goût. Les lots ont été bien choisis avec une connotation historique importante. Le catalogue de Sotheby’s, extrêmement documenté, faisait intervenir beaucoup d’essais des plus grands critiques chinois comme Gao Minglu, Lu Peng, Li Xianting, mais aussi des spécialistes étrangers tels Britta Erickson et Philip Tinari, pour une perspective très pédagogique sur l’histoire de cette avant-garde chinoise. Le catalogue est déjà un ouvrage de référence. »
D’aucuns regrettent que la collection n’ait pas été achetée en bloc par la Chine. Ce n’est pourtant pas faute d’avoir essayé et ce, pendant plus de deux ans. Disposant de deux musées à Pékin et Shanghaï, la banque chinoise Mingsheng aurait passé un accord, avant de le résilier. Notons enfin que cette vente a aussi marqué le retour des acheteurs occidentaux sur un marché qui était devenu à plus de 85 % chinois continental. Outre les achats privés, des institutions comme le Museum of Modern Art et le Musée Guggenheim à New York, mais aussi le Guggenheim d’Abou Dhabi, auraient acquis des lots.
Estimation : 100 à 130 millions de Hongkong dollars (9,1 à 11,8 millions d’euros)
Résultats : 427,2 millions de Hongkong dollars (38,7 millions d’euros)
Nombre de lots vendus/invendus : 105/0
Pourcentage de lots vendus : 100 %
Pourcentage en valeur : 100 %
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Records pour la vente Ullens
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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°346 du 29 avril 2011, avec le titre suivant : Records pour la vente Ullens