Pionnier de la décentralisation, le fondateur de l’Institut d’art contemporain de Villeurbanne s’est éteint le 5 septembre à Lyon.
LYON - « Ambition d’art » Le titre choisi, en 2008, pour fêter l’exposition des trente ans de l’Institut d’art contemporain de Villeurbanne (Rhône) était des plus appropriés. Car c’est bien une ambition sans faille qu’avait témoignée son fondateur, Jean-Louis Maubant, décédé à Lyon le 5 septembre, à l’âge de 67 ans. « Il n’a jamais fait la course aux honneurs, ni cherché une carrière parisienne. Il était profondément décentralisateur », souligne son frère d’armes, Alain Julien-Laferrière, directeur du Centre de création contemporaine de Tours (Indre-et-Loire). « C’était un pionnier. Il a fait un sans-faute artistique, un parcours construit sur la rigueur et l’amour des artistes », renchérit le galeriste parisien Michel Rein.
Après des études de sociologie et une première carrière de journaliste, Jean-Louis Maubant participe, en 1969, au mouvement de décentralisation théâtrale. En 1976, la Ville de Lyon lui permet d’ouvrir un espace d’art contemporain, l’Elac, où il organise des expositions aussi bien sur l’art américain dans les collections françaises que l’art et les femmes. Deux ans plus tard, il crée l’Association du Nouveau musée, réponse au New Museum lancé en 1977 par Marcia Tucker à New York. Il invite les artistes Daniel Buren, Tony Cragg et Giulio Paolini à l’année. Les lieux les plus improbables sont sollicités, comme les tours de la Caisse d’Épargne et du Crédit Lyonnais. Les débats qui accompagnent les expositions portent sur les questions de pédagogie, de collection, mais aussi de lieu permanent. Celui-ci sera trouvé en 1982 grâce à l’appui de Charles Hernu, maire de Villeurbanne. Le Nouveau musée s’installe alors dans les locaux d’une école désaffectée. « Jean-Louis passe d’un militantisme nomade à une phase sédentaire avec un engagement : faire se rencontrer l’art et les gens », précise Alain Julien-Laferrière.
Porte-voix des centres d’art
Dès le début, le centre d’art s’inscrit dans un réseau international, accueille Alighiero e Boetti, Dan Graham ou Jeff Wall. En 1998, Jean-Louis Maubant obtient la fusion du Nouveau musée avec le Fonds régional d’art contemporain Rhône-Alpes, donnant naissance à l’Institut d’art contemporain. Une appellation pas anodine. « Les mots portent sens. Ils veulent signifier que l’art s’étudie, se travaille comme la musique et comme toutes les disciplines artistiques », écrit-il dans le catalogue d’« Ambition d’art ». Pour lui, l’ambition devait animer toute la scène française. Pour la promouvoir, il intègre très tôt l’International Association of curators of Contemporary Art (IKT), qui comptait à l’origine peu de représentants hexagonaux. En fondant, en 1992, l’Association française de développement des centres d’art (DCA), il offre enfin un porte-voix aux centres d’art. À la différence de personnalités cramponnées à leur fromage, Jean-Louis Maubant avait choisi de quitter ses fonctions en 2006. « Je ne lui ai pas succédé, mais j’ai hérité de lui, note Nathalie Ergino, actuelle directrice de l’Institut d’art contemporain. Il a montré le chemin et servi de référent à toute une génération. » Sans se départir, jusqu’au bout, de son activisme.
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Jean-Louis Maubant, la fin d’une ambition
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°330 du 10 septembre 2010, avec le titre suivant : Jean-Louis Maubant, la fin d’une ambition