PARIS - Avec pour maîtres mots la « décentralisation » et la « démocratisation » culturelles, les grands établissements publics (EP) parisiens multiplient les opérations en régions, « main dans la main » avec les collectivités territoriales, privilégiant au système du dépôt des collections nationales des antennes sous leurs propres enseignes.
Après le Centre Pompidou-Metz, le Louvre-Lens et, dernièrement, un projet de l’Institut du monde arabe à Roubaix, le Centre Pompidou propose une nouvelle initiative du genre avec l’exposition itinérante de ses collections. Baptisé Centre Pompidou mobile, le principe est simple : si le public ne vient pas au musée, le musée doit venir à lui. Ou comment « apporter l’offre culturelle au public qui en est généralement éloigné, voire exclu », selon les propres termes d’Alain Seban, président du Centre Pompidou, lors d’une présentation à la presse du projet, le 4 novembre. Et d’ajouter : « Dans ce monde saturé d’images virtuelles, il s’agit aussi de rappeler que rien ne peut remplacer l’œuvre d’art originale. »
Spectacle vivant
Chaque année, la région partenaire pourra accueillir, sur trois sites de son territoire, un panel représentatif de la collection du Musée national d’art moderne dans une structure ambulante, et ce pour une durée de trois mois. « Nous avons imaginé un bâtiment joyeux, atypique et polymorphe pour s’adapter à tous les espaces possibles. Il faut pouvoir le monter et le démonter, mais surtout le remonter », a expliqué le 4 novembre, Patrick Bouchain, l’architecte lauréat. Au final, son installation se composera de quatre grands modules (en forme de quadrilatère), assemblables de multiples façons et reliés les uns aux autres par des sas – le module abritant l’accueil étant une structure plus légère. À l’extérieur, les bâtiments seront très colorés pour rappeler l’ambiance festive des cirques et des foires. À l’intérieur, à l’inverse, des espaces blancs, géométriques et ordonnés devront exposer les œuvres selon des conditions de conservation optimales. Patrick Bouchain compare son architecture à « un jeu de cartes avec lequel les collectivités partenaires pourront s’amuser jusqu’à trouver l’implantation idéale. Un travail rigoureux en somme, mais dont l’assemblage sera un jeu ».
Un jeu dont le coût de fonctionnement, pour chaque étape itinérante, est estimé entre 300 000 et 350 000 euros. Pour la construction à proprement parler, le Conseil pour la création artistique de Marin Karmitz a promis de verser 500 000 euros au Centre Pompidou ; les 2,5 millions restants devront être apportés par le mécénat. La capacité du centre à réunir cette somme définira donc le calendrier de lancement. Alain Seban espère, pour sa part, une mise en route d’ici à la fin de l’année 2010. Les expositions réuniront les œuvres sur de grandes thématiques telles que la quête de la lumière, la représentation du corps ou l’énergie de la ville, comme l’explique Emma Lavigne. Pour commencer, la conservatrice du Musée national d’art moderne a imaginé un parcours autour de la couleur, avec des œuvres de Matisse à Raysse, en passant par Picasso, Kupka ou Soulages. Un soin particulier sera porté à la pédagogie avec de nouveaux dispositifs où les médiateurs pourraient être des acteurs autant que des guides conférenciers, histoire d’introduire le spectacle vivant au musée. Pour l’heure, calendrier électoral oblige (les élections régionales auront lieu en mars 2010), aucune région n’a encore été choisie, même si plusieurs seraient d’ores et déjà candidates.
Centre Pompidou mobile
Budget : 3 millions d’euros
Surface : 1 000 m2
Architecte : Patrick Bouchain
Responsables des expositions : Emma Lavigne et Jean-Michel Bouhours, conservateurs au Musée national d’art moderne
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°313 du 13 novembre 2009, avec le titre suivant : Sur un mode nomade