Comment se porte le marché de la peinture ancienne flamande et hollandaise ?
Dans ce domaine, Tefaf Maastricht reste le baromètre de référence. Cette année, on y a connu une reprise qui s’est confirmée à la Biennale des antiquaires, à Paris, où j’ai vendu une vingtaine de toiles. Je peux donc croire que l’on entre dans un meilleur cycle de marché. Le renouvellement de la clientèle passe nécessairement par une présence dans les pôles de manifestation que sont les grandes foires et salons d’antiquité. D’ailleurs, je constate que ma clientèle s’est rajeunie ces dernières années, ce qui me fait plaisir. La qualité d’une toile compte davantage que le charme de son sujet. Bien sûr, si on a les deux, c’est mieux. Il n’y a pas vraiment de mode dans la peinture ancienne flamande et hollandaise. Tout est histoire de goût. Quoiqu’on note peut-être un intérêt accru pour le XVIe siècle paysagiste… Je peux surtout observer une très grande raréfaction des pièces : entre les achats des musées publics ou privés et des collections institutionnelles où rien ne bouge, je vais peut-être devoir fermer boutique ! Heureusement, la force des gens comme moi, c’est de voir revenir des tableaux que l’on a vendus il y a dix ou quinze ans. La fidélisation des contacts est la base de mon fonds de commerce. Retrouver des œuvres qui sont passées dans ma galerie est une chose que je savoure. Cela me facilite les choses vis-à-vis de mes concurrents, marchands ou maisons de ventes aux enchères.
Quelles œuvres vous ont marqué récemment ?
Mes dernières émotions remontent à la Biennale des antiquaires, un événement que l’on ne peut oublier de sitôt. J’ai eu la chance d’avoir entre les mains un paysage panoramique par Hans Bol (1534-1593) d’une rareté absolue et que j’ai vendu à un collectionneur européen. Ce tableau compte parmi les réalisations les plus abouties du maître. L’influence de Pieter Brueghel l’Ancien conjuguée à un rendu intimiste et presque tactile des détails naturalistes a insufflé à ce vaste panorama, animé d’une scène biblique (l’épisode de la Fuite en Égypte), une ampleur et une majesté inédites. Et puis, on n’avait plus vu d’œuvre sur panneau de cet artiste sur le marché depuis vingt-cinq ans. À quatre siècles d’écart, le mobile de Calder présenté chez Stéphane Custot était particulièrement exceptionnel et m’a fait rêver.
Quelle est votre actualité ?
Il y a dix-huit mois, j’ai mis la main sur le beau local de l’ancien Musée postal dans le quartier du Grand Sablon à Bruxelles, où j’ai installé ma maison de ventes Servarts. Je souhaite aussi dynamiser ce lieu en organisant des événements pointus et de courte durée. Je commence avec « Grands Antiquaires » (1). Il y a 26 exposants dont mes confrères belges Bernard de Leye, Francis Janssens van der Maelen pour l’orfèvrerie et la Zen Gallery, spécialisée dans l’art de l’Extrême-Orient. J’ai demandé à Philippe Perrin et Maurice Ségoura – pour le mobilier français – et à la galerie d’art impressionniste et moderne Cazeau-Béraudière de venir me rejoindre. Lors de la Biennale, j’ai embarqué la galerie Mermoz, Bernard Dulon, Christian Deydier, qui ont une clientèle belge, et même mon concurrent direct Robert Noortman. Bref, j’ai voulu créer un rendez-vous de qualité dans une ambiance confraternelle et amicale, un esprit club, avec une exposition équilibrée dans tous les domaines de l’art. Et ce, dans la mouvance du marché de l’art bruxellois où je compte bien m’établir.
(1) Grands Antiquaires, The Art Home, du 5 au 8 novembre, 40, place du Grand Sablon, tél. 32 2 289 51 07, www.grandsantiquaires.com, tlj 11h-20h.
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Georges de Jonckheere Antiquaire à Paris et Bruxelles, spécialiste en tableaux des écoles flamande et hollandaise des XVIe et XVIIe siècles
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°201 du 22 octobre 2004, avec le titre suivant : Georges de Jonckheere Antiquaire à Paris et Bruxelles, spécialiste en tableaux des écoles flamande et hollandaise des XVIe et XVIIe siècles