PARIS
L’artiste Sophie Calle représentera la France à la Biennale de Venise en 2007.
PARIS - En 1980, Sophie Calle entamait ses filatures d’inconnus à Venise. L’année suivante, elle retrouvait la cité des Doges avec la série des « Hôtels ». Recrutée comme camériste, elle photographiait les effets personnels des clients dans leurs chambres. Par une pirouette du destin, l’artiste renouera avec la Sérénissime en représentant la France à la Biennale d’art visuel en 2007.
Après Annette Messager, le comité d’experts (1) a choisi à nouveau une femme. La leçon des Guerillas Girls, pestant à l’entrée de l’Arsenal en 2005 contre la sous-représentation de la gent féminine dans le monde artistique, semble entendue ! D’autres artistes, comme Dominique Gonzalez-Foerster, Philippe Parreno, Xavier Veilhan et Claude Lévêque, avaient été pressentis, sans qu’aucun n’arrive à faire l’unanimité. Certains avaient aussi prêté à Olivier Poivre d’Arvor, directeur de l’Association française d’action artistique (AFAA) et décideur final, le souhait d’un pavillon spectaculaire. Bâtie sur des associations de textes et d’images, l’œuvre de Sophie Calle est pourtant plus narrative, intimiste que « M’as-tu vue », pour reprendre le titre de son exposition au Centre Pompidou,à Paris, en 2004. « Sophie m’intéresse car elle raconte des histoires, et je suis un littéraire. Après un pavillon affectif l’an dernier, ce sera un pavillon sentimental », indique Olivier Poivre d’Arvor, en précisant : « La Biennale est une vraie compétition avec des poids lourds. Je ne suis pas naïf et le choix n’est pas un coup de dés. C’est venu après des discussions avec des amis américains que j’ai interrogés pour savoir ce qu’ils avaient envie de voir.
Sophie est notamment présente dans les collections allemandes et américaines. » Comme le souligne son marchand parisien Emmanuel Perrotin, Sophie Calle fut autrefois représentée par Leo Castelli et Luhring Augustine (New York), avant de rejoindre Paula Cooper (New York) et d’être représentée à Berlin par Arndt & Partner. L’intéressée, qui doit prochainement définir son projet et choisir son commissaire, tient à garder la tête froide quant au poids symbolique de sa mission. « Je ne veux pas penser en termes de représentation nationale, mais en termes d’œuvre », nous a-
t-elle déclaré.
L’idée avait circulé de confier le pavillon à un ou plusieurs jeunes artistes, afin d’offrir l’image d’une scène dynamique. « Les expositions collectives au sein d’un pavillon se transforment souvent en mariage de la carpe et du lapin, écarte Olivier Poivre d’Arvor. J’aime qu’il y ait une signature. S’il y avait eu une révélation, une évidence ailleurs, pourquoi pas. Mais ce n’était pas le cas. Le choix d’un artiste confirmé est lié au fait que nous ferons en même temps une exposition off d’une génération pas encore prête pour le pavillon. » Cette exposition parallèle, renouant avec une vieille tradition abandonnée voilà une dizaine d’années, regroupera dix à quinze jeunes artistes sélectionnés par le comité d’experts. Mais à Venise les places sont chères ! Les autorités françaises doivent se dépêcher de trouver un site convenable, car la plupart des lieux stratégiques sont pris d’assaut par les pays qui ne disposent pas de pavillon dans les Giardini.
(1) Le comité réunit : Yves Aupetitallot, directeur du Magasin de Grenoble, Caroline Bourgeois, directrice du Plateau/FRAC Île-de-France, Fabrice Bousteau, rédacteur en chef de Beaux Arts Magazine, Robert Fleck, directeur du Deichtorhallen à Hambourg, Olivier Kaeppelin, délégué aux Arts plastiques, Christine Macel, conservatrice au Musée national d’art moderne à Paris, Olivier Poivre d’Arvor, directeur de l’AFAA, Dirk Snauwaert, directeur du Wiels à Bruxelles, et Alexis Vaillant,
commissaire d’exposition.
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Le choix de Sophie
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°232 du 3 mars 2006, avec le titre suivant : Le choix de Sophie