La 14e documenta de Cassel, cette fois sur ses terres d’origine, a ouvert ses portes aux journalistes mercredi. Portrait de son directeur artistique, le Polonais Adam Szymczyk, une personnalité iconoclaste.
1970 Adam Szymczyk naît de l’autre côté du rideau de fer, dans une petite ville du centre de la Pologne. À l’adolescence, il fréquente le Muzeum Sztuki, à Lodz où il vit avec ses parents depuis l’âge de 4 ans. Cette institution, un des premiers musées d’art d’avant-garde au monde, fondé à l’initiative de l’artiste constructiviste polonais Wladyslaw Strzeminski, a ouvert ses portes au public en 1931.
1989 Il suit des études d’histoire de l’art à Varsovie dans une Pologne postcommuniste en effervescence. Il participe également à Amsterdam à un programme de formation que la Fondation De Appel réserve à des commissaires d’exposition. Après des années de difficultés à vivoter de petits boulots dans des galeries et à rédiger des critiques d’art, il s’exerce au métier de commissaire d’exposition à Varsovie à la Foksal Gallery, un espace non commercial dévolu à l’avant-garde. Il cofonde en 1997 la Foksal Gallery Foundation, destinée à promouvoir l’art contemporain.
2003 À 33 ans, il devient le très jeune directeur de la Kunsthalle de Bâle. Adam Szymczyk travaille volontiers avec des artistes inconnus qu’il fait découvrir au public, à l’exemple de Piotr Uklanski ou Thea Djordjadze. Les expositions dont il assure le commissariat sont pointues et exigeantes, même pour un public averti, ce qui lui vaut un accueil mitigé de la part du public bâlois. Mais c’est cette propension à faire découvrir de nouveaux artistes qui lui apporte la reconnaissance internationale. Il assure en 2008 le co-commissariat de la Biennale de Berlin aux côtés d’Elena Filipovic et reçoit en 2011 le prestigieux prix Walter Hopps de la Menil Collection de Houston. Ce prix récompense les commissaires d’exposition en milieu de carrière.
2013 Il est nommé directeur artistique de la 14e édition de la Documenta, grand-messe quinquennale de l’art contemporain à Cassel en Allemagne. Ce poste est considéré comme le plus haut que puisse obtenir un commissaire d’exposition d’art contemporain. Un an plus tard, il quitte la direction de la Kunsthalle de Bâle pour se consacrer entièrement à la préparation de la Documenta. Il crée la polémique en déclarant que l’exposition se déroulera pour la première fois non seulement à Cassel, mais aussi à parité dans un lieu à l’étranger. En pleine crise de l’euro et de vives tensions entre l’Allemagne et la Grèce au sujet de la dette publique, il décide qu’Athènes sera l’autre lieu principal d’exposition avec Cassel. Face à l’infantilisation de la Grèce sur la scène internationale, il souhaite à rebours que le public « apprenne d’Athènes » grâce à l’art.
2017 Taciturne, renfermé voire timide en public, Adam Szymczyk arbore une silhouette d’adolescent et un look de rocker. Classé deuxième personne la plus influente dans le monde de l’art par le magazine britannique Art Review en raison de son poste à la Documenta, il reste fidèle à sa politique d’exposer peu de noms connus parmi les quelque 160 artistes sélectionnés. Il refuse d’ailleurs toujours de publier la liste des artistes que le public peut découvrir à Athènes depuis le mois d’avril et jusqu’au 16 juillet, puis à Cassel à partir du 10 juin pendant cent jours. Il faudra donc aller les découvrir par soi-même.
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Adam Szymczyk déploie la documenta à Athènes et Cassel
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Le site Internet de la documenta 14
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Adam Szymczyk, directeur artistique de la documenta 14 © Photo Gina Folly
Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°481 du 9 juin 2017, avec le titre suivant : Adam Szymczyk déploie la documenta à Athènes et Cassel