Cœur de la Berlin Art Week, la deuxième édition d’Art Berlin Contemporary,
qui a eu lieu fin septembre dans la capitale allemande, n’a pas encore trouvé son public.
BERLIN - Faudra-t-il se rendre à Berlin une année sur deux ? L’administration du Sénat de Berlin pour les Affaires culturelles, instigatrice de la Berlin Art Week, a décidé de mettre tous les deux ans un budget de 500 000 euros à disposition des institutions culturelles pour réaliser un projet commun. Cette année, pour la première fois, quatre institutions collaboraient autour du thème « Painting Forever », ou « La peinture pour toujours ». Tous les deux ans également, la Nationalgalerie délivre un prix à un artiste de moins de 40 ans vivant en Allemagne, l’équivalent du prix Marcel Duchamp français ; il a été remis cette année à l’artiste mexicaine Mariana Castillo Deball.
7 galeries françaises présentes à ABC
La Berlin Art Week s’est déroulée du 17 au 22 septembre, et a démarré en fanfare, avec une grande fête populaire en plein air qui a toutefois reçu un accueil mitigé de la part des professionnels berlinois. D’un côté, certains ont salué la volonté de faire accéder le grand public à l’art contemporain ; de l’autre, beaucoup ont jugé l’initiative inappropriée. Pour sa part, Fabienne Bideaud, participante au nouveau programme « Jeunes commissaires » lancé par l’Institut français d’Allemagne, a été enthousiasmée par l’engouement suscité lors de la fête d’ouverture de la Berlin Art Week, et le discours du maire. « On sent la volonté des institutions publiques de promouvoir l’art contemporain, que l’on ne trouve pas forcément en France », remarque-t-elle.
Événement phare de la Berlin Art Week, l’exposition-vente « ABC » (Art Berlin Contemporary), organisée dans une ancienne gare, poursuit sa professionnalisation depuis l’entrée en fonction de Maike Cruse au poste de directrice artistique. Un programme soutenu de performances est venu cette année enrichir la manifestation, mais surtout, plus de 80 œuvres ont été créées spécialement pour ABC. Un mélange très réussi de galeries très établies et d’autres plus récentes, à l’instar de la galerie parisienne Antoine Levi qui a ouvert ses portes en début d’année, dévoilent les toutes dernières créations contemporaines.
Sept galeries françaises participaient cette année à ABC, un nombre élevé étant donné que les trois quarts des 130 exposants sont allemands, et la moitié berlinois.
Le format décloisonné de l’exposition-vente ABC présente ses avantages et ses inconvénients, comme l’explique Martin Guesnet, directeur associé d’Artcurial, participant au projet d’échanges de collectionneurs de l’Institut français. Celui-ci visite pour la première fois les foires d’automne de Berlin depuis l’annulation d’Art Forum : « C’est un format plaisant, qui invite à la flânerie. Mais l’œil est attiré par les œuvres les plus spectaculaires, et il est parfois difficile de se concentrer sur une œuvre particulière. »
Un stand calciné, des assistants couverts de cendre
Parmi les œuvres spectaculaires justement figurait une réflexion sur la violence à travers l’œuvre d’Olaf Metzel, une tribune de concert ou de stade grandeur nature et saccagée, présentée par Wentrup. La galerie berlinoise exposait également en collaboration avec Ratio 3 (San Francisco) et Michel Rein (Paris) un collage de grandes dimensions de Mathew Hale, qui n’aurait pu être montré dans le cadre d’une foire de format classique. Michel Rein participait pour la première fois à ABC, et ne serait pas venu seul à Berlin. Son regard se porte plutôt sur la capitale belge, où il vient d’ouvrir une galerie : « Bruxelles est le nouveau Berlin », déclare-t-il, en invoquant les loyers bon marché favorables à l’installation des artistes, mais aussi, contrairement à la capitale allemande, le marché local fort dont elle dispose. ABC permet également aux galeries de laisser leur créativité s’exprimer dans la mise en valeur des œuvres. La palme en la matière revient à la galerie Zink (Berlin), qui présentait un stand à moitié calciné, et des assistants de galerie couverts de cendre et revêtus de vêtements partiellement carbonisés. Une des toiles de Muntean/Rosenblum rejoint une collection privée française.
Deuxième participation réussie également pour la galerie Christophe Gaillard (Paris), avec un stand (photos, vidéo, peintures) de la très éclectique mais très cohérente Hélène Delprat. En sus de ventes très correctes, la galerie repart avec deux projets d’exposition. La galerie Sultana rentre aussi à Paris très satisfaite après avoir misé sur les photographies de Walter Pfeiffer, que les collectionneurs autrichiens ont pu découvrir l’an passé lors d’une exposition à Linz.
Mais hormis un léger mieux global au niveau des ventes, beaucoup de galeries sont revenues bredouilles. Les grandes galeries internationales ont compensé par des ventes dans leurs espaces, en marge d’ABC. Hormis les cinquante collectionneurs français invités par l’Institut français, peu de collectionneurs internationaux avaient fait le déplacement, surtout en comparaison avec le Gallery Weekend, et ce malgré les efforts institutionnels et l’indéniable qualité d’ABC. Pour sa deuxième édition, la Berlin Art Week peine encore à s’imposer.
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°399 du 18 octobre 2013, avec le titre suivant : Un ABC de qualité