Dans le sillage des derniers records new-yorkais, les ventes du soir d'art contemporain de Sotheby's, Christie's et dans une moindre mesure d'Artcurial sont très réconfortantes pour le marché. Elles restent cependant cinq fois inférieures aux estimations des sessions londoniennes à venir.
PARIS - Paris semble bien gagner du terrain pour les ventes d’art contemporain. Lors de leurs vacations de la semaine du 3 juin, Christie’s, Sotheby’s et Artcurial ont haussé le niveau en présentant des pièces de qualité, certaines dignes de New York ou Londres, des estimations en nette progression par rapport à 2012 et des résultats également bien supérieurs à l’an passé, du simple au double pour les ventes des maisons anglo-saxonnes. Si les chiffres sont évidemment loin des très bons scores de Londres en février dernier et des records à la chaîne de New York en mai, la tendance est à noter. « Le marché répond bien à un niveau important, plus de 300 000 euros, mais aussi en dessous de 100 000 euros », indique Stefano Moreni, directeur du secteur art contemporain chez Sotheby’s. À l’échelle mondiale, les ventes publiques d’art contemporain sont en très bonne santé, contrastant avec d’autres segments. Ainsi, Stefano Moreni précise : « Depuis quelques années, on assiste à un changement de route, parfois les ventes d’art contemporain dépassent celles d’art impressionniste et moderne, ce qui n’est pas une question d’intérêt du public, mais plutôt de raréfaction de l’offre d’un côté et de bonne disponibilité des artistes de l’autre ».
Le 3 juin au soir, Artcurial a ouvert la saison avec une vente de 35 lots, et obtenu un score honorable en atteignant 71 % de taux de vente et 13,3 millions d’euros (frais compris), dans la tranche basse de son estimation (12 à 16 millions d’euros hors frais). Remporté 4,7 millions d’euros, tout juste son estimation basse, le Nu debout de Nicolas de Staël, obtient tout de même le troisième meilleur prix mondial pour l’artiste. Déception en revanche pour deux œuvres phares restées sur le carreau : Untitled (Roma) de Cy Tombly, et Dead Bird de Jean Michel Basquiat, respectivement estimées 1,2 à 1,5 million d’euros et 2 à 2,5 millions d’euros.
Sotheby’s en tête des progressions
Le 4 juin, Christie’s a cumulé 19,6 millions d’euros (frais compris), dans la fourchette de son estimation (15,7-21,5 millions d’euros hors frais) et affiché un taux d’invendus de 20 %. Ainsi, la maison double pratiquement son chiffre de 10,3 millions d’euros réalisé l’an dernier et signe son meilleur résultat pour l’art contemporain à Paris. Issu de la collection du poète Jacques Dupin, le lot phare de la vente Painting March 1985 par Francis Bacon est pourtant resté en deçà de son estimation basse en étant remporté 3,6 millions d’euros au téléphone. Une peinture de Pierre Soulages de 1965 a réalisé un beau score (2 millions d’euros frais compris), soit presque quatre fois son estimation basse. La collection du galeriste Rodolphe Stadler s’est également bien vendue, en témoigne la toile de l’artiste Gutaï Kazuo Shiraga de 1961, acquise 1,6 million d’euros (est. 450 000, 650 000 hors frais, env. 558 000-806 000 euros frais compris), un record mondial pour le peintre.
Sotheby’s, qui fermait la marche le 5 juin, a dépassé Christie’s d’une courte tête avec un total de 21,6 millions d’euros et ce, avec une sélection plus restreinte de 29 lots, une constante dans la stratégie de la maison. L’auctioneer atteint ainsi la fourchette haute de son estimation (15 à 21 millions d’euros hors frais) et double son chiffre d’affaires de l’an passé. « La progression est très intéressante, au niveau du volume de ventes, mais aussi de la nationalité des acheteurs, 73 % provenant de l’étranger », constate Stefano Moreni. Notons également l’excellent taux de vente de 97 %, l’abeille de Joana Vasconcelos, seule pièce invendue, ayant trouvé acquéreur à l’issue de la vacation. Star de la vente, la toile de Jean-Michel Basquiat Crown Hotel (Mona Lisa Black Background), a atteint 5,7 millions d’euros au téléphone, au ras de son estimation basse, mais a établi un record pour l’artiste en France. C’est également le cas pour une toile de Zao Wou-Ki qui s’est envolée 2,1 millions d’euros (frais compris), pour une estimation de 700 000 à 1 million d’euros (hors frais, soit env. 860 000-1,2 millions d’euros frais compris).
Expert : Martin Guesnet
Estimation : 12 à 16 M€ (hors frais)
Résultat : 13,3 M€ (frais compris)
Nombre de lots vendus : 25 sur 35
Taux de vente : 71 %
Estimation : 15,7 à 21,5 M€ (hors frais)
Résultat : 19,6 M€ (frais compris)
Nombre de lots vendus : 39 sur 45
Taux de vente : 80 %
Expert :Olivier Fau
Estimation : 15 à 21 M€ (hors frais)
Résultat : 21,6 M€ (frais compris)
Nombre de lots vendus : 28 sur 29
Taux de vente : 97 %
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Les ventes publiques d'art contemporain s'envolent à Paris
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°394 du 21 juin 2013, avec le titre suivant : Les ventes publiques d'art contemporain s'envolent à Paris