Pour sa troisième édition, le Festival de l’histoire de l’art sonde le thème de l’éphémère et met le Royaume-Uni à l’honneur.
Pendant trois jours, du 31 mai au 2 juin, la ville de Fontainebleau et son château deviennent le terrain privilégié de l’histoire de l’art, avec près de trois cents conférences, débats, rencontres, concerts, expositions, projections et lectures consacrés à la discipline. Créé il y a seulement deux ans, le Festival de l’histoire de l’art réunit universitaires et conservateurs, éditeurs, auteurs et libraires, enseignants et étudiants ainsi que tous les amateurs de cette science humaine récemment bouleversée par les réformes universitaires et la création de pôles d’excellence (lire pages précédentes). Pour sa troisième édition, après l’Italie et l’Allemagne, le Festival a invité le Royaume-Uni pour mettre en lumière la recherche anglo-saxonne. Quant au thème choisi, l’Éphémère, il succède à la Folie et au Voyage. L’art de l’Éphémère évoque des productions artistiques peu étudiées en France : les architectures temporaires conçues pour les banquets et grandes fêtes de cour, les affiches, officielles ou clandestines, les statues publiques, témoins privilégiés d’une période historique, le feu d’artifice, l’art de la marionnette, les tatouages et coiffures, ou encore les arts culinaires.
Décloisonnement des disciplines
L’occasion de s’interroger, ici, sur la manière de conserver le patrimoine de l’art vivant, des œuvres périssables conçues pour ne durer qu’un instant. Le Festival affiche clairement sa volonté de décloisonner les disciplines, de fédérer les divers acteurs de la recherche en histoire de l’art afin de travailler en synergie (lire l’entretien p. 22). Il promet aussi de s’interroger sur la politique d’exposition à l’heure où les musées sont tiraillés entre leur mission de conservation des collections permanentes et la nécessité de produire de grandes manifestations événementielles – éphémères donc – pour satisfaire les exigences des baromètres de la fréquentation. Trois journées de rencontres et d’échanges pour prendre le temps de la réflexion : c’est ce que propose le Festival de l’histoire de l’art. Un volet entier est consacré à l’actualité éditoriale avec l’organisation du salon du livre et de la revue d’art. Sans oublier, comme chaque année, la remise du prix Art & Caméra qui vient conclure les événements organisés autour des liens étroits unissant arts plastiques et cinéma.
La première édition du Festival, au printemps 2011, avait réuni quelque 15 000 personnes, contre 18 000 l’année suivante. Forts du succès des deux premières années, les organisateurs de cette manifestation, désormais installée dans le paysage culturel français, espèrent attirer cette fois 20 000 visiteurs. Et continuer à convaincre de la nécessité d’accorder une place majeure à la discipline sur l’Hexagone.
Pendant le Festival de l’histoire de l’art, les visiteurs pourront aussi découvrir l’exposition organisée au Château de Fontainebleau consacrée à l’un des plus beaux décors de la Renaissance française : celui de la galerie François Ier conçu par Rosso Fiorentino. D’origine toscane, entré au service du roi en 1530, Fiorentino travailla sur plusieurs grands chantiers parmi lesquels l’ambitieux décor de cette galerie reliant la chambre du roi à la chapelle. La richesse de son répertoire ornementale fut largement diffusée par l’estampe, devenant un véritable modèle dans les arts décoratifs, la tapisserie, l’émail peint, l’orfèvrerie, le livre enluminé ou imprimé, les reliures, le vitrail. Le langage formel imaginé par Rosso a fait de Fontainebleau un véritable foyer de la création artistique, comme en témoigne ce parcours organisé en partenariat avec le Musée national de la Renaissance – Château d’Écouen. « Le roi et l’artiste. François Ier et Rosso Fiorentino », château de Fontainebleau, www.chateaudefontainebleau.fr, tél. 01 60 71 50 60. Jusqu’au 24 juin.
Vendredi 31 mai, 9h30, au Château : Ouverture de la troisième Université de printemps sur la formation des cadres et professeurs de l’Éducation nationale chargés de l’enseignement de l’histoire des arts de l’école au lycée, suivie, à 10h30, d’une conférence sur les notions de ruptures et de continuité en histoire de l’art, avec Jean-Michel Leniaud, Christine Peltre et Philippe Sénéchal / 10h, Salon du livre : rencontre professionnelle franco-anglaise du livre d’art par le Bureau international de l’édition française / 14h, château : Le musée vivant, performance de Robert Cantarella / 16h, Théâtre municipal, conférence « interroger les continuités – Tradition/Transmission » / 16h30, L’Âne vert Théâtre, « Figer l’éphémère : les arts face à la fuite du temps ».
Samedi 1er juin, 9h, au Château : « L’histoire des arts : un enseignement en devenir », principes et perspective dans le cadre de la refondation de l’école, suivi à 10h30, d’une conférence de Pierre Rosenberg sur « Poussin et l’Angleterre » / 13h45, Mairie, « Récrire les avant-gardes ? Modernité/Modernisme » ou comment les évolutions récentes de l’art, la recherche et la muséographie entraînent la réévaluation de l’épopée des avant-gardes, avec Laurent Le Bon, Anne-Zoé Rillon et Annie Claustres / 14h, cinéma Ermitage : quatre moyens métrages présentés par le Jury Jeune Critique ou projection de L’extase et l’agonie (1965) de Carol Reed / 15h, Salle des fêtes, table ronde le patrimoine, facteur de dynamisme territorial / 15h30, château, conférence sur la réception critique de l’art britannique en France et sa présence dans les collections publiques françaises par Guillaume Faroult et Barthélémy Jobert / 15h30, École des Mines, conférence « L’art comme système : éphémère et dématérialisation de l’objet dans l’art contemporain » par Matthew Rampley (Université Birmingham) / 17h, Mairie, conférence sur l’insertion professionnelle en histoire de l’art.
Dimanche 2 juin, 10h30, château : table ronde « Les instituts de recherche en histoire de l’art » (en anglais) / 11h, École des Mines, conférences sur Les performances de Gina Pane / 11h10, Cinéma Ermitage, Rubens (1948) d’Henri Storck et Paul Haesaerts / 13h30, Mairie : table ronde « Les revues d’histoire de l’art et leur futur » par des éditeurs anglais / 14h30, château, conférence sur l’immatériel au musée à travers les collections amérindienne du Quai Branly ou au Théâtre municipal, conférence sur le travail de l’artiste Michel Blazy.
Festival de l’histoire de l’art
Du 31 mai au 2 juin, Fontainebleau, www.festivaldelhistoiredelart.com, entrée libre
Les usages politiques et identitaires du passé dans les expositions muséales, Montpellier, Université Paul Valéry Montpellier 3, 28 mai 9h-18h
Organisé par le Centre d’études médiévales de Montpellier ce colloque réunit des intervenants internationaux autour de la question du traitement d’un discours politique et identitaire en muséologie, plus particulièrement dans le cadre de l’exposition. Différentes études de cas serviront de base à la discussion, qu’il s’agisse d’un musée en particulier, d’un comportement propre à un pays, ou d’un concept abordé de façon plus générale et philosophique.
Site Saint-Charles, salle 004,
elsa.guyot@etu.univ-montp3.fr
La représentation du corps à la Renaissance, Nancy, 31 mai et 1er juin
En lien avec l’exposition « Le corps et ses images » du Musée-aquarium de Nancy, les intervenants se concentreront sur la période de la Renaissance, où s’est conçue et développée l’anatomie moderne. On s’y appuiera notamment sur les représentations que les savants et les artistes font du corps humain dès le XVIe siècle.
Auditorium du Musée des beaux-arts de Nancy
La sculpture aux XIXe et XXe siècles : journée annuelle des jeunes chercheurs, Paris, Musée Rodin, 14 juin
Organisée par le Musée Rodin, le département d’histoire de l’art et l’école doctorale de l’université de Paris ouest Nanterre, cette journée se présente comme un lieu d’échanges pour les doctorants, les jeunes docteurs et conservateurs spécialisés en sculpture contemporaine, qui pourront présenter certains aspects de leurs recherches.
www.musee-rodin.fr/fr/journee-annuelle-des-jeunes-chercheurs-2013
Notion de lieu commun
Centré sur la notion de « lieu commun », ce colloque met cette construction mentale en rapport avec certaines sphères de l’art contemporain, comme la critique d’art et le contexte de l’atelier. Seront discutés les lieux communs du discours artistique, qui entretient une relation privilégiée, parfois indispensable avec l’art contemporain, ainsi que le lieu commun à la fois physique et abstrait de l’espace où l’artiste travaille et se met en représentation.
Paris, INHA, 20 et 21 juin 2013
Inventions et réinventions de l’art « primitif », Quai Branly, 20-21 septembre, 9h30-19h
Deux journées d’étude sur l’actualité de la recherche sur l’art africain et l’art océanien de la fin du XIXe siècle au début du XXIe siècle, vus à travers le prisme occidental qui influe sur leur reconnaissance et leur diffusion.
Théâtre Claude Lévi-Strauss, entrée libre et gratuite dans la limite des places disponibles
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L’histoire de l’art en fête
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°392 du 24 mai 2013, avec le titre suivant : L’histoire de l’art en fête