La vente de la collection de Marcel Brient pourrait en améliorer l’assise sur le marché.
PARIS - Les artistes contemporains français sont sous-évalués sur le marché au regard de la qualité de leurs œuvres. Ce phénomène n’est pas nouveau ; dans les dix dernières années, plusieurs rapports publics se sont penchés sur la question : comment la France pourrait-elle mettre en valeur et soutenir plus efficacement ses artistes afin qu’ils acquièrent une véritable visibilité internationale ?
« En même temps que j’achetais [Jean-Charles] Blais, j’ai acheté [Jean-Michel] Basquiat », confie Marcel Brient. Mais alors que les toiles du Français partent à moins de 10 000 euros, celles de l’Américain valent plusieurs millions d’euros. « [Michel] Parmentier, [Martial] Raysse sont du même niveau que les artistes américains », estime Marcel Brient. Mais si la cote de Raysse – qui est l’artiste français vivant le plus cher – peut désormais, grâce à plusieurs enchères millionnaires, rivaliser avec celles de ses homologues américains Tom Wesselmann et Roy Lichtenstein, Parmentier n’a pas encore la place qu’il mérite. Estimées entre 30 000 et 60 000 euros, trois toiles de l’artiste aux bandes horizontales alternées précéderont une peinture aux bandes verticales noires et blanches de son contemporain Daniel Buren, qui bénéficie, quant à lui, cependant, d’une aura internationale.
Galeries françaises
Collectionneur visionnaire, Marcel Brient se sépare aujourd’hui d’un pan français de sa très importante collection d’art contemporain. Sotheby’s affirme que « la nationalité des artistes n’est pas son critère de sélection ». « Il pouvait acheter en même temps chez Durand-Dessert un [François] Morellet et un Sol LeWitt », rappelle Olivier Fau, spécialiste chez Sotheby’s à Paris. L’ensemble sélectionné permet surtout de proposer une vente cohérente. Ce n’est d’ailleurs pas tant la nationalité des artistes à laquelle semble faire référence cette « Page française », que celle des galeries qui ont guidé le collectionneur dans ses choix. Jean Fournier, Yvon Lambert, Daniel Templon, Durand-Dessert, Claude Bernard, Georges-Philippe et Nathalie Vallois, la Galerie de France et Catherine Issert ont compté parmi les acteurs indispensables de l’existence de cette scène artistique française des années 1960 à 1990.
Dans ce contexte, il y a fort à parier que les acheteurs seront en majorité français et que les prix resteront abordables. En effet, les artistes contemporains français qui se trouvent déjà dans le circuit international connaissent souvent leurs plus belles enchères outre-Manche et outre-Atlantique. C’est le cas pour Xavier Veilhan, Jean-Michel Othoniel ou Martial Raysse, qui n’a jamais atteint le million sur le sol français. Gérard Garouste, dont deux peintures et une sculpture figurent dans la vente, est l’un des rares à avoir connu son record d’enchère en France, avec une toile vendue 59 000 euros en octobre 2003 chez Cornette de Saint Cyr.
Olivier Fau estime cependant les estimations attractives, notamment pour des œuvres rares comme la Poussette empaquetée de Christo (120 000-18 000 euros) ou l’Arbre de Raysse (200 000-300 000 euros). Un catalogue didactique accompagné d’une représentation de qualité des mouvements du Nouveau Réalisme, de Supports-Surfaces, de BMTP, de l’art conceptuel ou de la Nouvelle Figuration…, le tout couronné d’une provenance prestigieuse, sont aussi autant d’atouts qui lui permettent d’avancer que « la vente devrait aussi pouvoir attirer des collectionneurs étrangers ».
Vente le 24 septembre, Sotheby’s, 76, rue du Faubourg-Saint-Honoré, 75008 Paris, tél. 01 53 05 53 05.
- Nombre de lots : 78
- Estimation (hors frais) : 2,6 millions d’euros
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Collection Brient, un test pour les artistes français
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Abonnez-vous dès 1 €Michel Parmentier (1938-2000) - 15 octobre 1966 - Vente de la collection Marcel Brient - 24 septembre 2012 - Sotheby's Paris - Lot 26 - Estimation: 40.000/60.000 euros - Peinture laque sur toile - 279 x 244 cm - Photo www.sothebys.com
Christo (1935) - Poussette empaquetée (1962) - Lot 4 - Estimation: 120.000/180.000 euros - Poussette, corde, polythène - 96,5 x 94,5 x 56,5 cm - Photo www.sothebys.com
Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°375 du 21 septembre 2012, avec le titre suivant : Collection Brient, un test pour les artistes français