Le rachat de Photo London par les organisateurs de Paris Photo donne un coup de fouet à la manifestation.
LONDRES - « Comment pourrais-je ne pas retourner à Photo London alors que l’exceptionnelle équipe de Paris Photo s’en occupe ? » Cette question de Tim Jeffreys, directeur de la galerie Hamilton (London), sonne comme une déclaration d’amour. Même cri du cœur chez Esther Woerdehoff (Paris) : « L’an dernier, Photo London était horrible, je m’étais jurée de ne jamais y revenir et je ne le fais que parce que j’ai confiance dans les organisateurs de Paris Photo. » Le professionnalisme du salon parisien, propriétaire depuis novembre de cette foire, a conduit trois galeries à revenir, et vingt-six nouvelles recrues à tenter l’aventure.
Pour garder ses distances avec Paris Photo, et éviter tout risque de cannibalisation, Photo London s’est focalisée sur le contemporain. « Le choix est aussi dicté par la ville, Londres étant une scène de révélation de tendances, indique la commissaire des deux salons, Valérie Fougeirol. Il fallait un écrin qui rapproche les deux champs de la photo, du photojournalisme à l’art conceptuel. On verra le basculement dans le champ contemporain et l’apparition de la couleur. Ce sera une foire en couleurs ! » La nouvelle implantation dans les bâtiments d’Old Billingsgate, sur la Tamise, à deux pas de la City, inspire aussi ce focus. C’est pour appâter la population dépensière, aux goûts réputés flashy, des courtiers que Hamilton a choisi la carte des grands formats avec des photos spectaculaires de Herb Ritts ou Helmut Newton. Le salon ne veut toutefois pas seulement caresser les traders dans le sens du poil, mais faire œuvre également de pédagogie. « L’idée est d’accompagner les gens de la City dans leurs achats par un cycle de conférences, leur donner les clés, qu’ils sachent ce qu’ils achètent, mais surtout qu’ils le gardent, car on ne veut pas qu’ils revendent trois mois plus tard. On ne veut rien de malsain », précise Valérie Fougeirol. Il est toutefois dommage que ces conférences se déroulent dans l’après-midi, période où les courtiers vaquent à leurs affaires… Quoiqu’il en soit, huit cents collectionneurs du monde entier devraient être au rendez-vous pour dynamiser les transactions. Le salon pâtit toutefois de l’engorgement du calendrier, et de sa proximité avec la Foire de Bâle. Échaudées par leur participation catastrophique voilà deux ans à Photo London, certaines pointures du contemporain attendent que la nouvelle formule fasse ses preuves cette année avant de s’y rallier.
Si les vétérans de Paris Photo ont facilement sauté le pas, les Français n’ont pas encore bougé en masse. Avec une écurie composée pour moitié de photographes, RX (Paris) est de la mêlée avec notamment Georges Rousse et Marie Amar. Après le succès de sa première prestation sur Paris Photo en novembre, la galerie Alain Le Gaillard (Paris) a aussi répondu présente. « On y va la fleur au fusil, sourit Olivier Robert, codirecteur de la galerie. À Londres, il y a 400 000 Français, dont au moins 20 000 qui travaillent dans la City. » Outre ces expatriés hexagonaux, les Britanniques amateurs d’excentricités ou de réalisme cru peuvent apprécier le travail de l’Américain Boogie, lequel pénètre dans l’intimité des toxicomanes, ou l’ironie de Lionel Scoccimaro qui, dans sa série Octodégénérés, photographie des personnes âgées dans des postures infantiles. De même, Florence Loewy (Paris) peut trouver outre-Manche une clientèle capable d’apprécier les livres de Marina Abramovic, Gilbert & George ou Matthew Barney. Forts de la curiosité ambiante, certains exposants repoussent les limites du médium. Dans une exposition baptisée « Visibility », Gimpel et Fils (Londres) convoquent des images photographiques et cinématographiques. Cette extension se retrouve aussi chez Esther Woerdehoff avec une vidéo de Peter Aerschmann et des photographies et peintures de Sabine Dehnel. Visiblement, Londres réveille les audaces !
Du 31 mai au 3 juin, Old Billingsgate, 16 Lower Thames Street, Londres, www.photo-london.com, les 31, 1er et 2 11h-20h, le 3 11h-19h.
L’accès à la totalité de l’article est réservé à nos abonné(e)s
Londres réveille les audaces
Déjà abonné(e) ?
Se connecterPas encore abonné(e) ?
Avec notre offre sans engagement,
• Accédez à tous les contenus du site
• Soutenez une rédaction indépendante
• Recevez la newsletter quotidienne
Abonnez-vous dès 1 €- Commissaire : Valérie Fougeirol - Nombre d’exposants : 35 galeries et 7 éditeurs - Tarif des stands : 420 euros le m2
Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°260 du 25 mai 2007, avec le titre suivant : Londres réveille les audaces