Art Moderne - Son heure est venue, enfin. Dans son testament, cette pionnière de l’abstraction, contemporaine de Vassily Kandinsky, avait exigé que ses peintures abstraites, qu’elle n’avait laissé contempler qu’à un cercle très restreint partageant ses préoccupations théosophiques, ne soient dévoilées que vingt ans après sa mort.
Elles le seront finalement bien plus tard, dans l’exposition de groupe « The Spiritual in Art, Abstract Painting 1890-1985 », en 1986 à Los Angeles. Près de 80 ans après sa mort, l’œuvre de Hilma af Klint (1862-1944) est célébrée aux États-Unis comme en Europe. Son œuvre se déploie actuellement au Musée Guggenheim de Bilbao. Cette grande rétrospective, embrassant l’ensemble de la carrière de l’artiste suédoise, présente aussi bien les premières œuvres figuratives, conventionnelles de celle qui fut l’une des premières femmes à étudier à l’École des beaux-arts de Stockholm, que ses dessins automatiques, ses étonnantes peintures abstraites et symboliques, élaborées dans le secret de son atelier, ou ses séries, comme celle consacrée à l’atome. On peut s’étonner qu’elle ait choisi de garder confidentielles ses peintures abstraites monumentales : les « Dix plus grands », œuvres aux formes abstraites, aux couleurs intenses, colorées, précédant les recherches de Kandinsky. Mais pour cette artiste féministe, adepte du spiritisme, membre de la Société théosophique fondée à New York, la question essentielle ne semblait pas de se faire une place dans le monde de l’art. Ces « Dix plus grands » font partie d’un vaste ensemble de « peintures pour le temple », auxquelles elle consacra dix ans à partir de 1906 : ces compositions, dont elle a confié qu’elles lui avaient été guidées par les esprits, ont été conçues pour orner un temple hélicoïdal qui ne sera jamais bâti. Que ce soit dans ses compositions abstraites ou plus figuratives, comme ses cygnes, qui donnent à voir l’affrontement et la danse de la lumière et de l’obscurité, de la vie et de la mort, du féminin et du masculin, l’art se trouve en effet pour Af Klint au service d’une quête spirituelle, mystique, théosophique, dans laquelle ses œuvres troublantes entraînent le visiteur tout au long de cette captivante exposition.
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Hilma af Klint selon l’esprit
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°781 du 1 décembre 2024, avec le titre suivant : Hilma af Klint selon l’esprit