Grands noms de l’art, jeunes artistes… Lille Art Up! tient toutes ses promesses

L'édition 2023 de Lille Art Up! ne dément pas sa réputation de foire éclectique reposant sur un bel équilibre entre grands mouvements de l’art contemporain et jeunes talents, le tout dans une scénographie aérée. La nomination de Marie-Françoise Bouttemy à la direction artistique de Lille Art Up! impulse toutefois la montée en gamme de l’offre et son élargissement, qu’elle a orchestrés en collaboration avec Anne-Cécile Hervé (directrice de Lille Art Up!), Didier Vesse (directeur des relations avec les galeries) et le comité de sélection dont elle faisait déjà partie. L’historienne de l’art, attachée de conservation et du patrimoine, connaît donc bien la foire. Elle est également familière des structures culturelles et muséales des Hauts-de-France pour y avoir présenté un certain nombre d’expositions de référence.

De jeunes galeries pour des artistes de référence
Cette année, cet enrichissement de l’offre s’exprime en particulier à travers la présence plus marquée que d’habitude de jeunes galeries, manière pour la foire de diversifier encore plus ses propositions. Si la répartition équilibrée demeure inchangée entre les galeries lilloises et de la région (29 galeries, dont 16 lilloises), les galeries parisiennes (9 exposants), du reste de la France (57 galeries) et internationales (20 % des exposants), le taux de renouvellement des galeries de 30 % se caractérise en effet par une forte proportion de jeunes galeries, créées il y a moins de quatre ans, défendant des artistes confirmés. Pour sa première participation à Lille Art Up!, la Galerie Bonnet-Abelin, ouverte l’an dernier à Lyon, propose ainsi une sélection d’artistes majeurs ou émergents du street art, dont Keith Haring, Richard Hambleton et le jeune muraliste Poes. « J’ai candidaté à Lille Art Up! sur les conseils d’artistes de la galerie, car la foire est incontournable pour ceux que je représente », précise Éric Bonnet-Abelin. Pour sa première participation, Pierre Darras, fondateur et directeur de la Galerie Faidherbe, à Paris, fait quant à lui une place de choix à Geneviève Asse, Olivier Debré, Pierre Tal Coat, André Lanskoy et Pierre Alechinsky, ainsi qu’à Eugène Leroy et Ladislas Kijno, deux artistes de la région. Chez la jeune enseigne lilloise Vincent Bonduelle Art Contemporain sont réunis Guillaume Caron, Catherine Saussine, Dugas, Sylvie Cairon et Marie-Christine Remmery-Roulland.

Tout autre est le registre de la galerie bruxelloise The Palm Beach, qui défend de jeunes artistes en pleine ascension, parmi lesquels Babette Goossens, aux portraits peints évanescents. Sur le stand de la Galerie Thomas Tournemine (La Baule), la nature exubérante aux couleurs vives de la peintre Aline Zalko tranche avec les extérieurs tirés au cordeau des demeures californiennes de Marius Messinese. Chez la galerie bruxelloise Inside Out, les photographies pleines de fantaisie régénérante du très jeune Ghanéen Derrick Ofosu Boateng se distinguent tout autant. Réalisées à avec un iPhone, elles reconfigurent le quotidien de ses concitoyens au travers de mises en scène enlevées et colorées. 

La diversité des propositions
« Il y a treize ans, je participais pour la première fois à Lille Art Up!. Les artistes que je présentais étaient alors en devenir. Aujourd’hui, leur travail est reconnu, comme celui de Patrick Loste », se souvient Damien Castang, fondateur de la Galerie Castang Art Project (Perpignan), qui compte désormais parmi les enseignes fidèles de Lille Art Up!. « J’ai trouvé dans cette foire une clientèle de la région ou des pays limitrophes, en particulier belge, toujours prête à découvrir des artistes et de nouvelles œuvres », souligne le galeriste, dont le stand rassemble pour la première fois des œuvres de Roger Cosme Estève, exposées aux côtés de pièces en carton de Pierre Ribà et des murs imaginaires peints sur bois du couple d’artistes Chérif et Geza (connus sous le nom de KRM). Autre exposant fidèle de la foire, la Galerie Perahia renouvelle son offre avec des pièces inédites de l’artiste graffeur JonOne, mais aussi des peintures de Robert Combas et de Hom Nguyen, en lien, pour ces dernières, avec le thème de l’édition 2023 de la foire (« Jeux de mémoire »). 

Car si le choix par son comité artistique d’un thème différent pour chaque édition contribue au renouvellement de l’offre, leur souhait d’élargir et de renouveler le regard sur l’art contemporain concerne autant les grands mouvements artistiques de la deuxième moitié du XXe siècle que des courants actuels. Les peintures abstraites aux formes colorées de Timothée Bocage, jeune Dunkerquois de 26 ans représenté par la Lill’Art Gallery de Lille, et celles plus évanescentes de la Japonaise Toshiko Tochihara (exposées par la galerie japonaise NFF) distillent ainsi leur différence, à l’instar des pièces du céramiste sculpteur lillois Jean Brisy à la Galerie 9 de Lille et des choix de la Galerie Berthéas, implantée à Saint-Étienne, Vichy et Paris. Pour sa dixième participation à Lille Art Up!, cette dernière se développe sur deux stands : « Le premier donne une place plus importante que d’habitude à l’abstraction lyrique des années 1960-1970 et à des artistes comme Jean Miotte, avec des pièces qui ne sont pas passées en salle des ventes et n’ont jamais été montrées dans des expositions », précise Alain Berthéas. Le second stand propose un solo show consacré au peintre et sculpteur Claude Gilli, figure de l’École de Nice. C’est ça Lille Art Up! : la diversité.